Baptême de Gabcha

[Nuit du 7 au 8 janvier, veille du baptême]

Elle lui avait promis de s'occuper de la décoration de la chapelle, et il lui avait promis de ne pas passer avant le début de la cérémonie.

Ladoce avait donc pris la route dès qu'elle en eut fini avec les affaires comtales et elle arriva dans une nuit déjà entamée. Elle savait qu'elle n'aurait pas eu le temps de travailler dans son atelier de Bonnieux, aussi, avait elle tout fait transporter. Aidée de sa servante, elle aurait bien besoin d'une grosse partie de la nuit pour préparer la chapelle.

Décharger les caisses remplies de vases et décorations de toutes sortes, et autres bougies

mélanger les couleurs ... quelques parchemins dessinés ici et là dans son bureau ... envie de donner de la gaité .... prend une fleur puis une suivante, sans vraiment réfléchir ... puis une acheminement d'idées

Déposer une table de chaque côté des grandes portes, espérer ne pas se faire engueuler pour ce remue ménage, des roses rouges et des bougies jaunes, pour rappeler les couleurs du maître des lieux


Direction maintenant l'Autel, du bleu, du jaune, les couleurs de la famille ... une pensée pour Rethy, peut être la regardait il de là où il était...

Vero avance un pas a la fois.. tanguante, lourde et lente... escargot muni de maison et d'habitation, chemin chemine, Rhum laissée en pension de peur de devoir monter dessus pour rentrer. LA chapelle s'approche, eh enfin non la chapelle reste ou elle est mais avance tout de même..enfin bref... inhale les senteurs et le silence du lieu, au loin seul en grande communion, Gabcha.
Glisse voile dehors et avance vers le point de lumière.
Ose enfreindre les palpitement de ses songes et pose doucement un main sur son épaule.

Je te salut chuchote doucement Ma Femme...

Que cette journée te soit radieuse et que ceux qui en saurons témoin en soit éblouis

Se penche comme elle peux et l'embrasse avec grande douceur

En retard, comme toujours...

Pourtant elle s'y était prise à temps! Elle avait voulu soigner sa toilette et avait revêtu pour l'occasion cette robe créée par son futur filleul en brocart beige, aux manches doublées de soie blanche, surmontant une robe de laine couleur châtaigne. Mais au moment de sortir, son labrador avait eu un élan d'affection et posé ses pattes boueuses sur l'étoffe unie, la maculant, ce qui avait nécessité de la part de ses femmes de chambres un long moment à sécher la robe et à en ôter toute trace de terre...

Les cloches sonnaient donc quand, laissant malgré ses protestations Pastaga dans son carrosse, elle en sauta prestement, enveloppée dans un grand manteau dont elle releva la capuche pour se protéger des bourrasques de pluie et arriva dans la chapelle. De nombreuses bougies répandaient leur lumière dorée tout en préservant des zones d'ombre et des corbeilles de fleurs embaumaient. Le décor était magnifique et on ressentait en pénétrant dans ce lieu une atmosphère à la fois intime et chaleureuse qui saisit immédiatement Hersende et l'enveloppa, lui faisant oublier son retard.

L'assitance ne comportait encore que les intimes : Véro, Prunille, Richelieu évidemment en tenue ecclésiastique prêt à officier et Gabcha... Hersende regarda son filleul alors qu'elle remontait l'allée : sa mise était d'une surprenante sobriété, volontaire sans doute, à l'exception de sa ceinture.

Elle s'approcha, embrassa doucement Vero qui rayonnait en lui murmurant "Quelle joie de te voir!" , salua Prunille et Richelieu qui semblait couver Gabcha d'un regard attentif et déposa un baiser sur la joue de ce dernier

Bonjour à tous! Gabcha, vous paraissez transfiguré! Je suis heureuse d'être à vos côtés en ce grand jour, lui souffla-t-elle en lui prenant la main.

Quand Ladoce aperçu les premiers rayons de soleil, elle réalisa qu'elle n'avait pas dormi. Elle avait passé une partie de la nuit dans la chapelle, et une fois qu'elle en était sortie, elle avait été rattrapée par la réalité des contrariétés quotidiennes liées à sa charge, n'arrivant pas à trouver le sommeil.

Qu'importe, cette belle journée était dédiée à Gabcha et elle devrait trouver les atouts pour faire bonne figure et masquer ses traits tirés. Farfouiller dans sa malle, en sortir une robe de velours pourpre brodée de fil d'or. Elle avait remonté ses cheveux, ne laissant que quelques mèches tomber sur ses épaules et mis son sautoir serti de tout petits rubis. L'élegance oui, mais le bling bling, non!

Pincement de joue pour retrouver des couleurs, s'enrouler dans sa cape pour ne pas attraper froid et direction les serres, un ruban noir dans les mains. Rien de tel pour retrouver un semblant d'énergie que l'émerveillement devant les fleurs en pleine éclosion. Puis, prendre une rose, et à l'aide du ruban, se confectionner un bracelet plein de vie.

Oui mais voilà, du coup, arriver en retard, essayer de se faire petite. Elle entra dans la chapelle juste derrière Bertha magnifiquement vêtue elle aussi. Elle lui fit une bise, puis un simple sourire en direction des personnes présentes dans le cœur de la chapelle pour ne pas s'immiscer dans ce moment d'intimité et c'est à cet instant qu'elle remarqua cet homme sous les bancs ... intriguée la Comtesse ... et amusée tout comme son amie à côté d'elle.

Peut être a t il perdu quelque chose? lui chuchota t elle

Et alors que Bertha s'installait pour le début de la cérémonie, Ladoce s'approcha de cet homme qu'elle ne connaissait pas ... pas vraiment dans ses habitudes pourtant ... hésita à lui tendre la main pour se relever, mais peut être n'en avait il pas besoin, alors se contenta de lui glisser discretement

heu, Messire, est ce que tout va bien? besoin d'aide?

rougir d'un coup, parce que peut être qu'il prendrait mal cette intervention de sa part.

"heu, Messire, est ce que tout va bien? besoin d'aide?"

Les mots sont dit doucement, et ne me font pas sursauter. Heureusement devrais-je dire.. je n'aurais fait qu'attirer plus encore l'attention. Mon visage perd son rouge et je me redresse. Je me rends compte que je suis encore a genoux! Mais pas la Dame a mes cotés. Qui est-elle? Son visage ne me dit rien, je ne connais pas son nom. Mais elle est là, alors la curiosité me gagne. Qui est-elle? (encore une fois? ) Qui est-elle pour Gab? Une amie? de la famille? Serait-elle une arrière petite cousine? Je me lève et lui sourit.

Tout va bien, je vous remercie, pour être franc j'ai chuté dans l'allée et me suis caché dans cette rangée.

La franchise paye toujours, la honte est la, mais bon le ridicule ne tue pas.

Je n'ai pas l'honneur de vous connaitre, je suis Jilian de Cianfarano, fils d'Uberto et cousin de Gab.

Je m'empresse de baiser sa main, qui se révèle si douce que mes sens sont troublés, je n'ai que plus envie de savoir qui elle est. Bien plus. Sa main sent.. c'est doux.. ca eveille mon appétit... on dirait un fruit.. qu'est-ce donc.. je la regarde maintenant. Malgré moi je l'observe, je la contemple, discretement pour qu'elle n'en soit gênée.

Asseyons-nous voulez-vous.. la cérémonie va commencer.

Rapide coup d'œil autour de moi, derrière une jolie dame a coté une jolie dame.. devant d'autres jolies dame.. si Gabcha n'était pas Gabcha, j'aurais juré qu'elle était là pour une autre raison. Mais ce n'était que famille et amies, les vrais les uniques, ceux qui comptent. Compterais-je autant? Gabcha allait devenir un fidèle, renaître au propos de son amour. Ce serait bientôt mon tour et mon cousin avait déjà accepté d'être mon parrain. J'étais fier d'être un Cianfarano.

Oubliées les charges et responsabilités quotidiennes, oublié même qu'elle se trouvait dans une chapelle pour un baptême, elle était subjuguée par cet homme qui présentait un certain intérêt pour elle. Elle en avait perdu l'habitude.

Elle baissa un peu les yeux, presque gênée, laissant apercevoir tout de même un léger sourire .... profiter de la magie de la rencontre, de l'instant présent .... des questions? une invitation à diner ..... premier réflexe habituel de défensive, mais imperceptible, parce qu'au fond, elle en avait bien envie, quelque chose chez lui attisait sa curiosité ... Il dégageait un charme et un naturel qui ne pouvait pas la laisser insensible ... elle n'eut pas le temps de répondre à sa demande qu'il enchainait

Vous êtes d'une beauté epoustouflante.. et pourtant je ne vous vois aucun cavalier.. seriez-vous venue seule?

Et la voilà en train de rougir, pas tant de la question, mais bel et bien de la remarque qui la précéda .....

Merci pour ce compliment, en effet, oui, je suis venue seule .... et ....un repas, ça ne coutait rien, elle avait envie de faire plus ample connaissance ... de s'accorder du temps pour elle, l'espace d'un moment. Elle releva son visage pour plonger son regard dans le sien et lui sourit en lui apportant la réponse à sa question précédente .... c'est bien volontiers que j'accepte votre invitation ....loin de moi l'envie de vous laissez coincé faute de réponses à vos innombrables questions!

Sur ce Yluxe fit son entrée

Bonjorn, Comtessa. Messire...

échange de sourires et une réponse discrète à ses salutations

Bonjorn Dame Yluxe, heureuse de vous revoir

Pas mal d'agitation dans le fond de la chapelle, mais la cérémonie qui allait commencer et l'arrivée d'Yluxe qu'elle avait quittée depuis peu, Yluxe si admirable dans la défense de son pays qu'elle avait immédiatement répondu à l'appel d'Hersende pour poursuivre les brigands jusqu'en Italie, l'empêchèrent de se retourner.

Elle salua avec un grand respect la veuve de son ami Rethy, portant désormais fièrement les couleurs de Bonnieux

Bonsoir Yluxe, avez-vous pu retrouver quelque tranquillité à Marseille après cette période belliqueuse?

Puis alors que la Dame de Bonnieux prenait place sur son banc, Hersende reprit place aux côtés de Gabcha.