Consécration de la Chapelle Saint Gabriel d'Apt ....

Elle avait donc suivi Rethy, mais se tint en retrait, ne sachant comment se placer. Un peu impressionnée par le lieu et l'évènement aussi elle préférait se recueillir dignement avant la bousculade des grands jours de toute la noblesse provençale et autres manants conviés dont elle faisait partie.

Sa tenue était des plus simples... de toute façon elle n'en n'avait pas d'autres... elle réserverait une tenue plus adéquate pour la cérémonie qui se déroulerait içi meme dans moins d'un mois à présent et qui serait un grand moment de sa vie.

Elle était impatiente que cela arrive... pour plusieurs raisons... mais chaque chose en son temps.

Rethy lui avait dit de se pénétrer de l'instant et de la communion mystique, et elle comptait bien s'y adonner avec volupté mais pieusement, comme un avant gout de son futur bapteme en ces lieux memes.

Elle se glissa donc sur l'un des bancs au fond, et tout en regardant autour d'elle la splendeur de la chapelle, médita sur la vanité de la vie et pourtant l'inépuisable source de joies et de délices qu'elle était. Elle se mit à prier en son coeur pour remercier le ciel de tant veiller sur elle et son amour et de continuer à les protéger longtemps.

Et elle rendit grace que le Maistre des lieux eut retrouvé tout son allant après ses soucis de santé. Une telle débauche de festivités avait le don de le ragaillardir à ce qu'elle comprenait de lui et il en avait bien besoin.

Entendant quelqu'un s'adresser à elle Tsine releva vivement la tête, sa capeline l'empêchant de voir qui lui parlait bien que la voix lui sembla familière.
Elle n'eut pas le temps de réagir que déjà son interlocutrice s'avançait dans l'allée centrale en direction de Rethy... elle en resta médusée : la femme au poulpe, plus célèbre encore que son propre chapeau (qui pourtant commençait à être connu en Provence !), la copine de taverne à la descente aussi sèche que la sienne, le fournisseuse en alcool de sardine fort, l'inéffable, l'inénarrable FRAG !!!!

Elle eut une envie de battre des mains rien qu'à l'idée de la beuverie qu'elle soupçonnait à venir, celle-ci n'ayant certainement pas dû venir les mains vides. Mais elle se contint de justesse et attendit que cette dernière revint vers elle.

Ben ça alors.... j'aurais dû me douter que Rethy battrait le rappel des troupes pour un tel évènement, qui se devait pourtant être une petite cérémonie intime de consécration. Tous les "zinzins" vont être là je suppose... va falloir que j'envisage de déménager à Marseille moi à force... enfin... je verrais ça avec Kika, lui il ne tient pas en place de toute façon.
Je t'en prie prends place, personne n'est arrivé encore, ça laisse un peu de répit pour blaguer un brin.

Elle marqua une pause, regarda soupçonneuse Frag et lui demanda

Euhhh... dis moi... par hasard... tu n'aurais pas fais un mélange en douce de vin de messe avec de l'alcool de sardine, hein ? C'est Richelieu qui va en voir des poissons chats dans les yeux sinon...

Elle pouffa sous cape, se disant que par moment elle pouvait être pire qu'une gamine espiègle et facétieuse... Tite Calamity ne ferait probablement pas pire du haut de ses trois pommes. Si peut-être, donner à boire à Charybde et Scylla de l'eau magique... à l'alcool de sardines !

Cette cérémonie risquait une fois de plus de ne pas être triste.

Rethy regardait le Poulpe et le chapeau bavarder: il y avait comme un parfum sardinesque qui flottait dans l'air...Une saveur unique...Celle des Ames de Marselha.
Il allait se replonger dans sa méditation quand il vit arriver son Fils Fred et sa fiancée Perperine. Il s'avança vers eux, donna une giga accolade à son Grand Maire et embrassa fortement sur la joue le tendre ange. Il se plaça à côté d'eux pour la cérémonie, et leur dit...

Bientôt votre mariage, enfin! Quel bonheur!

Oursaring rentra à son tour, distribua les bises et les révérences, puis se pencha vers Rethy

Dame Maria Eugénia est présente se soir...

Guidée par Guilhèn, Hersende arriva à la chapelle brillamment éclairée. De nombreuses personnes se pressaient déjà, majoritairement marseillaises comme de bien entendu. Hersende croisa tout d'abord le regard de sa chère vassale, dont le tour de taille habilement dissimulé par une somptueuse robe, commençait à s'arrondir. Elle l'embrassa chaleureusement :

Led, comment te portes-tu? Pas trop fatiguée, à courir entre Aix et Avignon?

La prenant par le bras, elle s'approcha en sa compagnie du groupe formé par la famille Cianfarano, Fragrance qu'elle avait quitté depuis peu à Aix et une jeune femme qu'elle ne connaissait pas personnellement mais qu'elle avait déjà croisée dans les couloirs du château.

Rethy, quel plaisir de vous voir! Toujours prince des élégances... Fred, bonsoir! Auriez-vous l'obligeance de me présenter à celle que je devine être votre promise? Puis elle poursuivit. Fragrance, le retour à Marseille s'est bien passé? Te sens tu mieux maintenant que tu as retrouvé la Viguerie? Je suis vraiment désolée de t'en avoir tenue éloignée si longtemps

Se tournant enfin vers l'inconnue elle la salua d'un léger mouvement de tête accompagné d'un sourire :

Damoiselle... bonsoir!

Soudain Ourasring fit son apparition. Hersende se tourna alors vers lui :

Voici donc le responsable de l'envoi des invitations? Bonsoir Oursaring!

Comment Frag, tu n'a même jamais auparavant tenté la chose ? Oh ... pourtant c'est l'une des premières bêtises qui me serait venue à l'esprit : frelater le vin de messe... Je te dis pas le résultat : on risque de voir courir Monseigneur aux latrines en pleine messe pour urgence intestine... oh tout de même ... on ne peut pas faire ça, non non. Thrandhuil, à Marseille ? Oui pourquoi pas ?!!! Assister dimanche prochain à la messe à Marseille, non vraiment je ne pourrais pas.
En effet, je repars dès la cérémonie finie rejoindre mon Kika en Savoie où il m'attend, car nous fairons route ensuite vers l'Italie où nous sommes invités à un mariage. Et ensuite je dois passer quelques jours de saine retraite pour me purifier le coeur et l'esprit avant mon baptême qui aura lieu dans un mois à présent.
Tu vois malheureusement, je ne suis pas prête encore de mettre un pied à Marseille. Mais à l'occasion oui pourquoi pas.

Dans l'intervalle Fred s'avança vers elles et elle le salua chaleureusement, heureuse de le revoir depuis le banquet de la cérémonie d'anoblissement de Rethy. Il lui présenta alors Perperine qu'elle ne connaissait pas encore.
S'inclina devant elle légèrement elle lui sourit et dit

Fred, quel plaisir de vous revoir ! Il est vrai que nous n'avons pas eu l'occasion de nous croiser depuis la cérémonie d'anoblissement de votre père. Que vous voilà joliment accompagné. Votre fiancée ?! Ah parfait... Ma Dame, je suis enchantée de faire votre connaissance. Je suis Tsintsin, l'Arlésienne. Mais je vous en prie, appelez moi Tsine comme tout le monde.
Permettez moi de vous dire que vous pouvez tous deux être très fiers de Lovéane, elle a un talent fou en puissance. Je vais avoir le plaisir, dès que mes occupations m'en laisseront le temps, de l'aider à progresser en écriture en faisant travailler sa plume. Mais je pense, qu'en élève appliquée qu'elle est, elle progressera vite.

Rethy abandonna son banc et sa méditation et vint se joindre au petit groupe, fier comme Artaban de son fils et sa belle-fille.
Sur ces entrefaites, elle vit s'approcher Led, resplendissante tant par sa divine tenue scintillante que par les rondeurs qui s'affichaient à présent. Elle lui rendit son sourire, heureuse de le revoir également.
Décidément, que le temps passait vite : elles s'étaient vues à la cérémonie d'anoblissement mais s'étaient manquées à Aix lors de son passage retour à la fin de son périple en Provence, cet été ; et à lui avoir fixé rendez-vous en taverne mais sans pouvoir la rencontrer et bien c'est aussi là qu'elle avait vu Kika... et qu'ils ne s'étaient plus séparés... de coeur au moins... car le Kika aimait à gambader. Oh, il avait bien envisager de déménager en Arles pour elle mais... là-bas le contact avec les habitants n'était pas passé, et puis les affaires l'avaient rappelé en Suisse, où il avait déménagé, temporairement du moins.
Elle s'efforça de chasser l'espace d'un instant la pensée de son Amour car son absence à ses côté se faisait cruellement sentir en l'instant présent. Et elle voulait profiter de la compagnie de tous et s'amuser malgré le sérieux de la cérémonie.
Oursa vint faire une tournée de bisous avant d'entraîner Rethy en aparté.

C'est alors que vint près d'eux tous une Dame qu'elle soupçonna d'importance au vu de la garde qui l'accompagnait et de l'élégance classieuse qui se dégageait d'elle. Elle avait eu l'occasion de la voir... oui mais où ?
A son salut, elle pensa au chateau. Ah mais oui !!! Etait-elle donc sotte ???!!!

Elle se découvrit en signe de respect, ses mèches rousses longues et sauvageonnes se répandant alors sur ses épaules en cascades, et s'inclina avec déférence en une révérence appuyée.

Votre Altesse. Je suis votre obligée. Permettez que je me présente : Tsintsin, l'Arlésienne, pour vous servir.

Elle rougit dans ses chausses, réalisant tout à coup qu'elle avait bien de la chance, elle manante, d'être en si fort agréable et noble compagnie, et qu'elle devrait s'en montrer digne.
Au vu de l'émotion qui commençait à la gagner, elle se dit que ça ne serait pas seulement la flasque d'alcool de sardine que Frag planquait sous ses jupons qu'il lui faudrait mais bel et bien un tonnelet entier de bière pour dissimuler sa gêne. Et Oursa qui allait et venait fort affairé, elle ne pouvait même pas se raccrocher à lui. Idem pour Rethy. Et son Kika absent. Elle se sentit bizarre tout d'un coup et, manquant tourner de l'oeil, s'assit sur le banc, écoutant les voix autour d'elle comme s'il s'agissait du brouhaha des eaux tumultueuses d'un torrent en cru après les pluies printanières abondantes.

C'est alors que Frag, se penchant à nouveau vers elle, la tira de sa torpeur :

Un jupon gling gling à bretelles ? mais qu'est-ce que cette chose encore ? Vas-y expliques... je suis toute ouïe. Et puis d'abord, est-ce que ça a un rapport avec la cérémonie ?

Elle se demanda alors d'où cette dernière tirait toutes ces idées farfelues qu'elle commençait à tant apprécier.

Saluant Oursaring à son arrivée :

Bonjour Oursaring ! Je suis ravie de vous voir à Apt. Nous nous verrons donc très souvent.

Elle vois alors arriver Hersende

Citation :

Led, comment te portes-tu? Pas trop fatiguée, à courir entre Aix et Avignon?

Hersende ! Je suis ravie de te voir. Tu es splendide. Ca va pour la fatigue, j'ai joliment trop à faire ces temps mais ce n'est que pour un temps.

En sa compagnie elle rejoint le groupe présent.

Comme d'habitude, Fragrance spéculait sur de possibles mélanges à base d'alcool de sardine... Hersende n'en avait jamais goûté, mais l'état de sa mouette porteuse d'un pli au retour de Gênes apparemment revivifiée par la Viguière à coup d'alccol de sardine lui avait fait comprendre la vigueur du produit. Il faudrait décidément qu'elle teste cela...

Puis Hersende regarda avec attention la jeune femme qui l'avait saluée. C'était donc elle, la promise de son filleul? Ma foi, elle devait reconnaître qu'il faisait preuve de bon goût... La damoiselle était charmante et semblait vive et enjouée.

Eh bien Tsintsin, je dois dire que je suis ravie de faire votre connaissance.
Mon filleul m'a parlé de vous et de vos projets à tous deux, ajouta-t-elle avec un sourire.

Des éperons tintent sur le pavé froid. L'homme s'arrête et pivote légèrement, instillant dans l'air le grincement métallique de la pierre torturée.

Se drapant dans sa cape comme dans un morceau de ciel arraché à l'été, le condottiere entra dans la chapelle. Saint Gabriel... ce nom évoquait en lui plus que d'aucun, même sa tendre Altina, ne pouvait l'imaginer. Non, il ne regretterait rien. Son regard s'éleva vers les voutes, admirant l'architecture des lieux d'un oeil de concepteur, capable d'estimer le travail des maçons et charpentiers s'étant succédés sur l'ouvrage saint.
S'ébrouant pour chasser la rosée qui se déposait sur ses épaules, il pénétra dans les lieux et opéra une discrète génuflexion en murmurant à demi une louange rituelle.

Benedictus Dominus meus qui docet manus mes ad praelium et digitos meos ad bellum. In scelus exurgo, sceleris discriminus purgo. *

Devant lui, ces gens parlaient, s'amusaient et discutaient d'une façon qui lui semblait presque outrageuse dans un bâtiment sacré. Sa tolérance s'émoussait, de voir même des clercs se comporter de la sorte. Il est vrai que la vie monacale avait du lui donner quelques règles de conduite trop strictes, des références tronquées des comportements normaux. Il décida de retenir pour lui sa désapprobation : le scandale ne plairait nullement à son ami, et offenser un clerc, même à raison, chez lui qui plus est, et pour des raisons purement culturelles n'était pas vraiment un comportement très civilisé.

S'il retenait sa désapprobation, il n'alla pas jusqu'à sourire. Impénétrable, calme et digne, il s'approcha de ces gens du gratin.



Pax Dominus vobiscum. **


_____________________________

* Béni soit Dieu qui forme mes mains au combat et mes doigts à la guerre. Je me dresse contre le crime et fait justice à ses attentats.


* La Paix de Dieu soit avec vous.

Elle se releva de sa révérence devant Hersende.
La Marquise ! Comment avait-elle pu ne pas reconnaître de suite La Marquise, Parraine de son amour comme Kika se plaisait à l'appeler ??!! Depuis le temps qu'il lui en parlait et lui expliquait toute l'affection qu'il lui portait.
Cette dernière, qui s'était avancée en compagnie de Led, se trouvait être une femme fort charmante et accessible malgré la lourde charge qui reposait à présent sur ses épaules.

Elle rougit à l'évocation des 'projets'...

Euhhh... je suis moi aussi enchantée de vous connaître enfin Ma Dame dit-elle en baissant un peu les yeux.
Tant pour la qualité de la personne, du dévouement que vous manifestez pour notre chère Provence que parce que vous êtes la marraine appréciée de Kika et que par conséquent je vous porte doublement en estime dans mon coeur.

Puis elle rajouta à mi-voix :

Je suis agréablement surprise et heureuse d'apprendre que Kika vous a parlé de nos 'projets'. Mais oui... nous sommes heureux tous deux et laissons le temps nous aider à concrétiser cela.
Ma Dame, je vous souhaite de tout mon coeur, au même titre que Kika d'ailleurs, à nos côtés tout au long du temps comme un soutien précieux et amical et vous serai profondément reconnaissante pour les sages conseils dont vous nous gratifierez lors des moments les plus importants de notre vie.

Son attention fut ensuite attirée vers un homme à la belle prestance mais à la figure austère qui s'approchait d'eux tous.
Elle savait que l'évènement était d'importance et méritait une attention spéciale, tout comme le lieu dans lequel ils se trouvaient et qui allait être sanctifié et consacré, ce qui naturellement devait porter au recueillement et à la ferveur mystique.
Cependant, la vision qu'elle se faisait du Très-Haut était celle d'un Dieu heureux "Sinon pourquoi avoir créé le rire ? " se demanda-t-elle en son for intérieur, observant le visage fermé et qui ne laissait dévoiler aucun sentiment quelconque. "Quel dommage ! Il sera bien assez tôt pour se recueillir et se pénétrer de la valeur de la circonstance." pensa-t-elle en hôchant la tête.

Elle fit donc un grand sourire au Messire qui s'était avancé.

Une dame pénétra la chapelle et s'en fut s'asseoir dans son coin.

Puis vint Monseigneur Richelieu. Alors lui... il lui avait toujours semblé un homme d'église un peu hautain, éloigné de ses ouailles, pour le très peu qu'elle avait pu croiser sa personne au journal, ce qui d'ailleurs avait eu le don de lui faire grincer les dents une paire de fois, au tout début où elle y était. Cette attitude, qui n'était peut-être qu'une impression ou une interprétation personnelle, fut une des choses qui l'avait d'ailleurs refroidi d'entamer une pastorale... si c'était ça la chaleur aristotélicienne... elle avait préféré vivre sa foi à sa façon, voire passer pour mécréante.
Elle s'était sentie offensée de devoir se justifier de celle-ci devant le peuple provençal, surtout après avoir été limite traitée d'hérétique... elle ! elle, dont l'accomplissement de sa vie reposait sur les principes fondateurs de l'église sans même le savoir ! Il avait cependant bien dû trouver un terrain d'entente.
La consécration de cette chapelle était l'aboutissement de ce conflit, car sans cela elle n'aurait jamais entamé de pastorale, ni suivi celle-ci auprès de l'homme d'église dévoué à sa tâche, ni demandé à Rethy de célébrer son baptême icelieu au plus tôt.

Cette pensée la fit sourire aux anges : "décidément, les voies du Seigneur sont impénétrables" se plut-elle à penser "il est vraiment impartial, quitte à secouer un brin un de ces éminents représentants par une manante provinçiale." Mais surtout doté d'humour pour avoir réussi à la piéger, elle qui n'avait pas voulu se plier plus tot à sa volonté. Elle était heureuse à présent de s'etre appliquée, de plus ou moins bonne grace au départ, malgré tout à sa pastorale.

Bien le bonjour à vous Monseigneur ! répondit-elle à l'archevêque qui célèbrerait son baptême d'içi peu en souriant, ravie de vous revoir en dehors de la salle de pastorale.
J'aurai grand plaisir à assister à la consécration de cette chapelle sachant d'autant plus que dans moins d'un mois à présent vous y officierez également pour mon bapteme et vous remercie grandement d'ailleurs de vous rendre disponible une fois de plus pour moi.