Courriers

Citation :

Mon Annette,

Tu dois être encore bien occupée avec ton travail de procureur, ton cardinal et tous ces Provençaux... Encore un mois sans nouvelles ! J'ai pour ma part une grande annonce à te faire... Ou même deux.
Enfin, la première n'est pas si gaie que cela. Tu dois savoir, vu ta proximité avec les hautes sphères, que la France et l'Anjou préparent quelques batailles. J'en serai. Mais ne crains rien... Je me cantonnerai à l'arrière garde. J'ai une amie, Katina, qui jouera le rôle de troubadour de guerre. Elle voudrait que je l'aide à peindre les enluminures de ses �uvre. J'aurais plutôt aimé me joindre au corps médical, mais avec mon dégoût du sang... Finn trouve préférable que je me ménage, parait-il que je lui casse déjà assez les pieds avec mes cauchemars.
Un mois... Et tant de choses se sont passées ! Je crois me souvenir t'avoir laissée sur la confession de mes sentiments à l'égard de l'Irlandais. Nous allons nous marier. Le 12 de ce mois. J'aimerais tant que tu sois présente ! Mais je sais que tu es loin, que tu as des obligations, et après tout nous ne savons même pas exactement où aura lieu la cérémonie, puisque cela dépendra de où se trouveront les armées... Alors je comprendrai que tu ne puisses pas venir.
Quand je pense qu'il va falloir écrire à la famille pour leur annoncer cela, je me sens déjà hors de moi, bien que ne les ayant jamais vus. Ah, s'il y a quelque chose que Mère a réussi à ancrer en moi, c'est bien la haine de ces gens-là.

Réponds-moi vite !
Quant à moi je t'embrasse fort.

Ta Rosa qui t'aime.

PS : Ah, et j'ai démissionné de Petit Bolchen, aussi. Je me lance sagement dans le vin. Très bonne excuse pour picoler à longueur de journée. Je t'enverrai une caisse, et ces Provençaux iront se rhabiller avec leur piquette, Rosa la Parisienne est les surclassera haut la main !

Citation :

Anne,

Moi qui pensais que tu m'aimais assez pour vouloir mon bonheur... Tu dis que ma vie s'effondre, j'ai l'impression pourtant de la construire. Je l'aime, il m'aime, nous allons nous marier, et je compte bien lui donner des fils joufflus et braillards. Fin de la spirale de destruction commencée à la mort de Mère. Je ne vois à présent plus le mal à vivre tranquillement, aux côtés d'un seul homme. L'ennui ? Ma foi, j'ai eu tant d'amants... Et je peux t'assurer que l'Irlandais peut assurément être classé parmi les meilleurs qu'il m'ait été donné de connaître. Hormis cela, il n'est effectivement pas pauvre (mais à ce niveau là je n'ai pas non plus à me plaindre, j'ai su mener ma barque), et sera bientôt sujet à un anoblissement. Fin de la question.

Pour le reste, je suis désolée de n'avoir pu te répondre plutôt, mais j'étais malade et blessée à la tête. Rien de grave, comme tu peux le constater puisque je suis présentement à même de t'écrire. Le mariage à lieu le 12 décembre, à Troyes, viens si tu veux, pour me donner une gifle à ta guise, mais si tu songes à toucher à Finn, il faudra me passer sur le corps.

Quant à écrire à la famille... Je pensais aux Wolback et aux Mitara. Après la noce. Chaque chose en son temps, et les désagréables en dernier. J'aurai du temps à perdre quand Finn sera reparti guerroyer.



Rose.

Citation :

Ma très chère Rosa,

Tu remarqueras sans doute avec surprise que ce pli n'est pas écrit de ma main. Je le dicte en effet afin de ne pas toucher le parchemin moi même et me suis assurée que Gatien la confie à une personne saine.

En effet ma belle, je n'ai pas que des bonnes nouvelles à te faire parvenir. Si le Cardinal continue à assurer mes besoins je suis aujourd'hui assignée à la capitale.
Je n'ai pas vu Jean depuis fort longtemps à présent car il réside dans le fief d'Apt où je ne puis me rendre. Rassure-toi, il ne m'a pas été enlevé mais si je veux que Son Éminence continue à m'entretenir, je ne dois pas mettre Jean en danger et vois-tu la Provence est en ce moment assailli par le pire des maux : la peste !

Je sais que certaines nouvelles vous parviennent à ce sujet au Royaume de France mais elles sont si inexactes et incomplètes surtout.
Nous savions que des contaminés arrivaient par bateau. J'ai pesté, hurlé pour qu'on brûle le navire et qu'on ne le laisse pas accoster mais les médecins sont puissants et ils ont vu là une opportunité de s'enrichir. Les contaminés ont débarqués il y a cinq jours à Marseille et ce matin, l'homme avec qui je tiens de longues conversations quotidiennes en taverne m'a dit être lui même infecté. La peste a atteint la capitale. Elle ne tardera plus à présent à traverser les frontières provençales et à se propager d'est en ouest et du sud au nord malheureusement.

Rosa, ma Rosa, je t'en supplie, trouves vite un médecin et assure toi qu'au moindre symptome, une potion te soit donnée et n'hésite pas à "soigner" Finn au passage s'il le faut. Les femmes, les épouses doivent savoir tirer parti de tout malheur.

Je sais que ces mots que tu lis te rendront inquiète à mon sujet. Ne t'en fais pas, je ne mourrai pas sans demander la confession et il y a en Provence une personne qui ne tient pas à ce que je sois confessée et qui devrait tout faire pour que je sois soignée. Rochefort m'a trouvé une jeune femme si pauvre qu'elle a accepté de goûter chaque potion que l'on me donnera en échange de menue monnaie.
Même dans les pires instants, je reste prudente.

Il est un autre sujet que j'aborderai avec toi dans une autre missive. Le parchemin arrive à son terme.

Je t'aime tant ma douce cousine,

Anne

Citation :

Mon Anne,

Tu avais raison sur toute la ligne. Ce mariage est un fiasco et me voilà seule, grosse d'un enfant qui ne connaitra jamais le bonheur d'avoir deux parents qui s'aiment. Je retourne chez Judas, voyager seule dans mon état serait une folie, surtout par les temps qui courent. Et puis lui au moins m'aime bien. Du moins, me reconnait certaines qualités.

Je sais que tu es trop bonne pour triompher de moi et exulter... Et pardonne-moi de ne pas t'écrire plus, je n'ai simplement pas le coeur à exposer une nouvelle fois les motifs de cette séparation qui, je crois, sera définitive. Il ne veut plus me voir, plus me parler, et je n'existe plus pour lui.

Ma vie tourne au cauchemar, et j'ai l'impression que je ne serai jamais en mesure de me réveiller.



Rosa.

Citation :

Ma très chère Rosa,

Je crois bien qu'avoir raison, pour une fois, ne me procure aucune satisfaction si ce n'est l'espoir que la prochaine fois, je serai écoutée.

Je ne sais ce que tu attends de Judas mais la dernière fois je n'ai guère eu le sentiment qu'il t'avait apporté beaucoup si ce n'est ces rencontres qui t'ont amenées là où tu te trouves actuellement.

Écris-moi très vite pour me dire où tu te trouves. Ne bouges pas ! Attends-moi, je prends la route ce jour pour te rejoindre où que tu sois.
Nous verrons ensemble comment te sortir de cette impasse.

Avec ou sans ton époux, tu n'es pas seule. Je t'embrasse.

Anne

Citation :

Ludovi,

Je prends la route ce jour pour la Bourgogne afin de rejoindre ma cousine qui est dans une situation qui exige ma présence.

Tu sais mieux que personne que le Royaume de France est une terre hostile pour moi de par les quelques informations que je t'ai donnée, et par ton statut de Cardinal, tu as du apprendre que la Bourgogne n'est pas le lieu idéal ces temps-ci.

Cependant ne garde point trop l'espoir que ma vie défaille plus au nord. J'en ai vu d'autres et crois bien que je reviendrai.
Gatien reste en Provence afin de garder son seul oeil sur ce qui m'est cher, notre fils. Je gage que comme à l'habitude tu feras en sorte qu'il soit traités avec les égards qu'il mérite : Gatien pas notre fils, sur ce point je n'ai aucun doute.

A très vite,

Anne

Citation :

A l'attention du dangereux maire d'Aix,

Il y a des jours à présent que j'ai quitté la capitale où je venais tout juste de m'établir. Les aléas de l'existence nous amène parfois à prendre des décisions que l'on n'aurait jamais imaginé et me voilà dans ce maudit Royaume de France où je m'étais jurée de ne pas revenir avant de longues années.
Pire encore cette Provence que j’exècre et qui me fait verser fief plutôt que miel arrive à me manquer. Si ma foi était plus grande je prierai le Très Haut pour ne point devenir un jour aussi passionnée que vous pour ces terres. J'ai su remarquer depuis longtemps déjà que les terres que l'on aime s'abreuvent de nous jusqu'à ce que la sève de nos corps nous quitte. Certains même sombrent dans la folie au nom de leurs terres. Que le destin m'en préserve !

C'est cependant cette réflexion qui m'a amenée à prendre la plume pour vous écrire. Qui mieux que vous peut comprendre l'ennui après avoir été écartée par quelques bien pensant de la scène publique.
Il ait des fois où j'envie les idiots. Je doute qu'ils connaissent l'ennui et les affres de l'âme.

Mon seul réconfort reste que durant mon séjour loin de Provence je pourrai peut être rendre à ma lame d'argent quelques âmes perdues. En cela l'éloignement sera sans doute salvateur. En Provence j'enferme des criminels et on me donnait du madame le Juge, ici je peux laisser libre court à des instincts et faire un peu moins d'esprit.

J'essaierai de vous ramener quelque chose de mon séjour et je vous fait la promesse qu'il ne s'agira pas de quelque poisons et autre moyens de vous faire tirer un dernier souffle.

Anne

Citation :

Anne, mon Anne,


Nous sommes à Tonnerre, blessés par une armée alliée en maraude. Bouffons de Champenois, qu'ils aillent tous au diable, incapables qu'ils sont de reconnaitre leurs alliés de leurs ennemis, et attaquant les voyageurs. A l'heure ou je t'écris, je serai rapidement remise sur pieds, mes blessures sont douloureuses mais de moindre importance, et Dieu merci le bébé va bien. Tu n'imagines pas comme j'ai hurlé quand j'ai cru qu'il était mort, [barré]enfin... Cela est sans doute lié à[/barré] Oublie cela, il est des secrets dont je suis instruite mais dont la divulgation ne m'appartient pas. Je te fais confiance pour le comprendre.

Ah, comme j'ai hâte de te voir ! Et dans deux semaines, Bocom et Katina pourront quitter Angers, et ils m'ont promis qu'ils passeraient me visiter en Bourgogne avant de rejoindre les Flandres, j'ai vraiment hâte de les revoir, tout comme je me languis de l'instant où je pourrai te serrer contre mon énorme ventre. Et il parait qu'il va encore grossir... Misère.

Vivement vivement vivement ! Je te présenterai tout le monde, et tu en détesteras sans doute pas mal (peu me chaut !), et j'aurai ce bébé et tout ira bien.


A très vite,

Ta grosse Rosa.

Citation :

Chère Anne,

Il est étrange de penser à une personne, se préparer à prendre la plume et de recevoir le soir venu une missive de cette dernière.
Je suis bien lent et mon courrier aurait dû vous être envoyé plus prestement mais ainsi en a décidé la vie, voyez l'excuse légère que je vous sers...

Vous êtes arrivée au CM d'Aix pour en quitter aussitôt notre magnifique capitale afin de rejoindre la Bourgogne ! La contrée est d'après les nouvelles en guerre, teutoniques, soldats du roy, indécis et que sais-je encore.

La curiosité m'a taquiné, et c'est bien malgré moi qu'au conseil municipal, mes propos restèrent neutres. Qu'êtes vous donc aller faire là bas ? Une mission diplomatique, des amis à aider ? Trop de questions indiscrètes...

Et même si votre lame vous démange, je doute que vous vous soyez lancée dans la croisade, ainsi armée. La marchande de miel réclame des âmes, vous n'êtes point une garce mais une prédatrice aux sens aiguisés.


Dangereux maire d'Aix ? 13 jours encore et je serais libre. 4 mois à la tête de la capitale et je suis fatigué, là où la Marquise règne depuis des années sur tout, il n'y a pas que la gestion dans la vie !

Pour terminer, je reviendrais sur vos appellations, Madame le juge. La garce s'est montrée extrêmement juste et avisée dans ses verdicts. Un dossier du procureur mal fagoté et vous ne vous y êtes pas trompée, l'infortuné n'aura pas obtenu la condamnation escomptée. La Provence a troqué une juge de qualité contre un dormeur incompétent, grand Dieu que le comté est pathétique parfois...

La Provence ne me videra point de mon sang, entre haine et amour, nous formons depuis des années un couple détonant.

Portez vous bien, vous la Faucheuse d'âme à la lame d'argent.


Ad

Citation :

A l'attention d'Adrian Sauvan,

Très cher,

Avant toute chose je tiens à m'excuser pour cette réponse tardive. Depuis mon départ tant de choses se sont passées que je n'ai eu le temps de prendre la plume.

Je vous sais curieux au sujet de mon départ et si je puis sembler être une intrigante, ce qui est d'ailleurs souvent vrai, la raison n'a point le charme escompté. Ma cousine m'a demandé et j'ai accouru. Je nourrissais bien sûr le doux espoir de faire d'elle une veuve mais cela s'avère plus compliqué que prévu son époux préférant se cacher. Le lâche !

Quant à la Bourgogne, si elle porte tous les stigmates de la guerre (prix élevés, denrées rares, discussions animées en tavernes...), elle n'en reste pas moins déserte du moindre combat. Il semblerait que le parti de ne rien faire ait été choisis tant par ceux qui soutiennent le roi -ils sont nombreux- que par ceux qui soutiennent Rome.

J'ai étrangement hâte de quitter ces terres pour revenir au printemps dans une Provence ensoleillée. Cependant ma mauvaise foi me pousse à ajouter que je n'aime toujours pas la Provence habitée par plus d'idiot à l'are que je ne le croyais imaginable.

Croyez-le ou non, les risques que je craignais prendre en franchissant la frontière ce sont avérés réels et il est fort probable que mon souhait soit donc exaucé. Une vieille ennemie m'apercevant en taverne a prononcé un hallali précoce et présomptueux. La sagesse me pousse à la fuite, mon sang bouillonne et m'ordonne de terminer un travail inachevé à son sujet.
Elle n'en reste pas moins redoutable et je porte encore les marques d'un échec passé, il me faut donc peser la mesure de mes choix.

Je ne sais donc si nous nous reverrons mais je l'espère. Tout comme j'espère bientôt de vos nouvelles. Votre plume saura m'apporter un peu de ce soleil de Provence au milieu de la barbarie française.
J'ai appris que vous n'étiez plus maire mais de nouveau conseiller. Votre ennui s'est-il donc estompé quelque peu ? Je vous le souhaite.

J'arrive au bout du parchemin, il me faut poser la plume. Peut être à bientôt.

Anne

Citation :

Mon très cher Ludovi,

Il me semble de bon augure de t'écrire et te rappeler à mon bon souvenir. Je me suis dit que sans nouvelle de moi tu devais être fou d'inquiétude et craindre de devoir annoncer à mon cher enfant un décès prématuré de sa mère.

Soit donc rassuré, je vais très bien et je reviens bientôt.

Anne

Citation :

Chère Anne,

Je prends la plume pour une réponse qui se faisait attendre. Un remplacement impromptu, des discussions et j'étais propulsé juge de Provence. Malheureusement, les ennuis arrivent rapidement avec ma personne et déjà on menaçait de me retirer la seule affaire qui se présentait à moi.

Croyez moi, je ne leur ai pas laissé l'occasion de me dérober l'insigne honneur de rédiger mon premier verdict et ce quoi qu'il m'en cuira pour une telle audace !
Le conseil comtal est toujours aussi calme, voir divisé. La présence de Max12 le dormeur m'est des plus désagréable...

Une moitié de mandat offerte et je ne puis y arriver au bout. Une démission qui vous place au conseil comtal de Provence, malheur vous êtes si loin. Je ne vais pas user ma santé pour eux, je vous livre en pâture sans remords. Vous aurez donc, vous des raisons légitimes de me maudire, quel cadeau empoisonné, je vous fais là.


Assez parlé de moi, la Bourgogne sans combats, une bonne chose pour votre vie. Une femme à éliminer, autant revenir en Provence, vous n'aurez que l'embarras du choix et ce serait d'utilité publique.

Han, un point amère, plume acerbe, bileuse... *change de plume*

Vous parliez de faire de votre cousine une veuve, avez vous réussi ? L'époux se cachait vous disiez, le lâche. Mais j'espère qu'à perte, vous saurez apportez à votre parente une compensation. Un homme a parfois quelque utilité.

Entre votre réponse et ma missive, de l'eau a coulé, que devenez vous ?

Quand à se revoir, ce ne sera pas en Provence, je prends un peu de vacances.


Ad

Citation :

A l'attention de Sabdel de Gelbique, Comtesse Illustre de Provence,

Je vous écris car je viens d'apprendre par une missive de ce très cher Adrian Sauvan, qu'il avait démissionné du conseil comtal de Provence faisant de moi la conseillère en titre pour lui succéder.

Je vous informe donc être toujours en ce moment même fort éloignée des terres ensoleillées qui sont les nôtres et que bien qu'étant sur le chemin du retour il me faudra plus d'une dizaine de jours avant d'atteindre notre capitale.
Aussi, il me semble préférable que les gardes du château n'attendent pas mon arrivée pour que vous m’octroyez un poste.
Ainsi, par cette missive veuillez recevoir ma démission au poste de conseillère comtale et prendre note que la place est vacante pour l'un de mes colistiers.

Avec tout mon respect

Anne de Breuil

Citation :

Très cher,

Je crois que vous avez décidé de m'achever avant l'heure ! D'abord en démissionnant me poussant à en faire de même mais ceci n'est après tout qu'une formalité. Je gage que le Seigneur d'Antibes nous remplacera l'un et l'autre à merveille.

Non c'est apprendre votre départ quand mon retour s'annonce... Comment vais-je faire en Provence sans vous pour partager d'affreuses pensées et paroles ? Leur fausse gentillesse va me pousser au suicide !

Je n'ai plus le même entrain à parcourir les routes vers ces terres que vous aimez tant. J'espère que je repartirai pas lorsque vous reviendrez. Si vous revenez...

Si par quelque hasard durant votre voyage, vous croiser une rousse appelée Rosalinde. Transmettez lui tout mon amour pour elle, il s'agit de ma cousine. Je n'ai malheureusement pas pu en faire une veuve mais vous aviez raison, son époux aura pu servir puisqu'il lui a donné un enfant dont elle saura se servir.

Anne, qui cultivera du miel en attendant votre retour

Citation :

Très chère Rosa,

Je suis à présent à Lyon. Bien loin de toi, si près de la Provence. Les nouvelles qui me parviennent de Gatien -qui au passage de transmet toute son amitié et toutes ses félicitations pour Léonard- me font penser qu'il est temps que je retourne auprès de Jean.

Mon cher ami à la robe rouge semble prendre ses aises en mon absence et je crains que bientôt mon enfant s'attache plus à lui qu'à sa propre mère.
Pourtant, ces quelques semaines passées auprès de toi me font regretter amèrement ce chemin que je prends.

Je ne t'ai pas assez dit combien j'étais fière de la femme que tu es devenue. Si je me suis souvent montrée froide ce n'est que par accès de jalousie. Je n'ai guère aimé cette impression que ton entourage te connaissais mieux que je ne pensais te connaître. J'ai crains, et il m'arrive encore de le craindre, que tu ne les aimes plus que cette cousine que je suis.

Je t'embrasse fort.

Anne

Citation :

Très cher,

Je me surprend ce soir à prendre la plume pour écrire au seul homme qui a osé un jour me faire offense en refusant ma demande en mariage, si précoce soit elle.
Pourtant me voilà à le faire.

Je ne sais trop que vous dire si ce n'est que vous êtes une personne assez étrange et que je m'étonne encore de vous avoir avoué tous mes crimes, de vous faire une confiance aveugle. Je m'en étonne cependant, je ne regrette pas un instant.

J'espère que ma chère Rosa ne fait pas trop de vague. Je crains bien trop que sa légèreté un jour ne lui coûte. Je m'en voudrai tant de partir si loin pour protéger ma vie si cela devait signifier que je ne puis être là alors qu'elle se mettrait en danger.

Quoiqu'il en soit par ce courrier je tiens à vous remercier de plusieurs choses : de ne pas m'avoir jugée, de veiller sur Léonard à votre manière, de taquiner Rosa (elle en a besoin pour s'endurcir) mais surtout, d'avoir été durant mon séjour en Bourgogne le plus avenant avec moi.

Mes soirées auraient souvent été fort longues et ennuyeuses sans votre présence.

A bientôt sans doute,

Anne l'éconduite.

Citation :

Chère Anne,

Je ne pensais pas que vous m'écririez, à vrai dire. Mais c'est avec grand plaisir que je vous ai lue.

Je renouvelle ma promesse de ne rien dire de tout ce que vous m'avez confié, ce soir-là, en Bourgogne. La confiance est l'une des choses les plus importantes, à mes humbles yeux et je vous assure que la vôtre, placée en moi, ne sera jamais bafouée.

Vous dites que je suis le seul homme ayant osé vous faire offense en refusant votre demande en mariage. Mais avez-vous déjà demandé un autre en mariage avant moi ?

Vous n'avez pas à me remercier de l'attitude que j'ai eue par rapport à vous, je n'ai fait qu'être l'homme que je suis chaque jour que le Très Haut entend me faire vivre. Certaines personnes me procurent de l'intérêt et c'est naturellement que je me dirige vers elles.
Et vous en étiez. Rencontrer la cousine de Rosie avait d'abord été une curiosité, et après son mariage, un moment agréable. Malheureusement, nous nous sommes peu vus, à mon goût, en Bourgogne.

J'ai laissé votre cousine depuis plus deux semaines à présent, je ne peux pas dire que ce soit en de meilleures mains qu'en les miennes, mais avec des personnes qui lui portent de l'affection, je pense. Et c'est ce dont elle a besoin, affection, attention et soutien. Et nous sommes loin d'elle, à présent.

Puisque oui, je suis enfin rentré chez les miens, après neuf mois de voyage. Les choses changent si rapidement, lorsque l'on s'absente. Vous avez bien fait de repartir vers votre fils. Y êtes-vous? Si oui, comment cela se passe-t-il avec lui et son père ?

Faites bien attention à vous, Anne,

Saint Bocom, l'éconducteur

Citation :

Ma très chère Anne,

Je regrette encore et encore que tu aies du partir si vite... J'ai l'impression de n'avoir pas assez profité de ta présence, toute accaparée que j'étais par mes petits (grands !) malheurs et mon nombril. C'était une bêtise que de me ruer à Paris en mon état, j'aurais mille fois préféré donner tranquillement naissance à Léonard en Bourgogne, où j'aurais pu casser les oreilles à toutes la petite compagnie, et te broyer les os de la main à chaque contraction. Décidément, rien ne se passe jamais comme prévu.

Cependant... Je crois qu'il me faut t'assurer de la place toute particulière que tu tiens en mon cœur. Anne, plus que de l'amitié, les liens du sang nous unissent. Jamais en mon affection tu ne te trouveras remplacée par le remplacement, toi qui es une sœur pour moi. Il m'est arrivé de me confier à d'autres, je le reconnais, et ces autres, je les apprécie en temps qu'amis. Le lien qui nous unit toi et moi est différent. Voudrais-je te détester que je ne le pourrais pas, nous sommes trop semblables et trop liées.

Pour ce qui est de Jean... Je ne comprends pas. Pourquoi ne l'arraches-tu pas définitivement à ce père qui te fait de l'ombre, et pourquoi ne viens-tu pas vivre ici, à mes côtés ? Ce Cardinal de malheur ne t'a jamais apporté que des ennuis, Anne, et certes à Sémur je ne dispose pas du luxe et du confort que peut offrir la demeure d'un richissime et gras suppôt d'Innocentius (le Pape, pas mon cheval), mais enfin... Tu serais bien plus tranquille, et comme je connais du monde, je trouverai bien quelqu'un qui acceptera de faire de Jean son écuyer, ainsi tu n'aurais même guère à t'en soucier, puisque je sais que tu n'es guère maternelle...

Le seul point négatif de cette proposition est sans doute qu'il te faudra supporter les pleurs de Léonard pendant encore cinq ou six ans. Mais cela doit passer vite... J'espère !

Tu me manques déjà,

Rosa.

Citation :

Ma très chère cousine,

Je regrette de ne pas avoir répondu à ton courrier plus tôt, mais les évènements se sont bousculés à mon arrivée en Provence. Retour de courte durée puisque je me retrouve en Champagne, vêtue d'une côte de maille et de tout l'attirail nécessaire à ma présence dans une armée.

Sache que ta chère cousine combat officiellement pour une très noble cause, la lutte contre les brigands. Sois rassuré également en sachant qu'un de mes ennemis se trouve actuellement dans la même armée que moi. On ne sait jamais ce qui peut arriver lors d'un combat...

Quoiqu'il en soit, j'ai su en passant de nouveau en Bourgogne que tu en étais partie. J'espère que nous aurons l'occasion de nous revoir bientôt.

Étant bien plus au nord que je ne l'ai été depuis mon séjour d'enfance chez les angloys, je songe à faire un détour jusque dans les Flandres. Peut être y reverrai-je celui qui signe à présent ses courriers de "l'éconducteur".

J'en viens à présent à te répondre plus directement. Je ne souhaite pas que tu t'en veuilles pour ta présence en pointillée lors de ma visite auprès de toi. Je sais les épreuves que tu traversais et je sais comme l'on est perdue lorsqu'on attend un enfant.
Je prends note de ton affection renouvellée à mon égard et sache que tu auras toujours une place dans mon coeur qui d'ailleurs depuis des années, n'a de place que pour toi.

Quant à Jean, je crois avoir répondu à l'instant à tes interrogations. Bien qu'il me coûte de perdre mon combat contre mon ami Cardinal, je dois admettre, que savoir Jean auprès de son père, me permet de m'éloigner de lui.
J'ai essayé de toutes mes forces plusieurs fois de l'aimer mais je n'y arrive pas et j'ai depuis longtemps baissé les bras à ce sujet. Quoiqu'il en soit, Rochefort séjourne dans le château de mon ancien amant et veille à ce que mon enfant ne m'oublies pas. J'assure mes arrières comme je le peux.

A propos d'enfant, comment se porte Léonard ? As-tu des nouvelles de ton époux ?

J'arrive au bout du parchemin, il me faut te laisser.

Tu me manques ausssi.
Prends soin de toi.

Anne

Citation :

A l'attention de mon éconducteur,

Je dois m'excuser du délai entre la réception de votre missive et la réponse que je vous fais. A peine étais-je revenue en Provence qu'il me fallait en repartir provisoirement.
Je laisse donc à son père encore de longues semaines de repis, mais avec à présent mon tout nouvel homme de main en plus du premier pour le surveiller.

J'ai appris que vous n'étiez plus avec Rosa avec quelques peines. Je savais que quoiqu'en dise ces dames, votre présence à ses côtés et auprès de Léonard était bienveillante. Cependant je suppose que votre retour dans les Flandres vous permet de retrouver les vôtres. Enfin je l'espère.

A ce propos, je suis en ce moment en Champagne et il me semble tout à fait probable que je veuille voir à quoi ressemble le nord du Royaume de France. Nous nous reverrons sans doute plus tôt que je ne l'avais imaginé, si bien entendu vous n'y opposez aucune résistante.

Prenez soin de vous

Anne, l'éconduite.

PS : J'oubliais de vous répondre. Je n'ai jamais demandé quiconque en mariage avant vous.

Citation :

Très cher,

Vous pardonnerez je pense le temps passé sans vous répondre et si vous ne le pardonnez pas tant pis je l'assumerai. Il me reste sans doute un peu de miel mais j'essaie au maximum de l'associer à l'acidité du citron !

J'ai ouïe dire qu'une armée avançait vers la capitale. Que cela soit vrai ou non, il s'avère qu'elle a bien été créée... Ainsi donc depuis votre dernière missive ces provençaux qui souhaitaient se rebeller ont finalement décidé de le faire. Je suppose donc que le coup de main que vous aviez promis reste d'actualité et que vous serez bientôt de retour dans la capitale. C'est pourquoi je me décide enfin à vous écrire.

Je pourrai mentir et dire que j'ai manqué de temps mais je ne le fais point. J'avais pris la décision de ne pas vous donner réponse pour deux raisons.

La première vient de mon orgueil. Vous imaginez bien que mon égo s'est vu légèrement blessé lorsque j'ai vu que vous ne m'écriviez que pour peut être requérir mon aide dans vos desseins. Quand bien même nous partageons certaines idées, il est une chose que vous avez et moi non : c'est l'amour de la Provence. Vous vous en doutez je n'ai que faire de cette province et si parfois je m'insurge en voyant la bêtise de certains ce n'est pas par amour des terres ou inquiétude mais par raison uniquement.
Ainsi je n'aime que moi et mon orgueil et l'observation des hommes m'a trop souvent habituée à ce qu'on m'écrive pour des raisons plus proches de moi que d'idéaux.
Cependant, vos desseins sont surtout cela, des idéaux et des personnes qui placent avant toute chose la foy en leurs idées sont rares. Cela fait sans doute de vous un homme de qualité autant que je resterai à jamais une garce...

J'ai parlé d'une seconde raison, la voici. Vous demandiez dans votre derniers courriers ce que j'attendais de la Provence et quels étaient mes projets... Je serai bien incapable de vous donner une réponse tant ces terres me rendent apathique.
J'ai essayé d'avoir moi aussi des desseins. Je suis entré dans la bergerie en postulant comme ambassadrice mais sans qu'aucune ambassade ne me sois confiée et sans non plus que je le leur fasse remarquer. Ce qui fait de moi une ambassadrice présente mais totalement inactive !
J'ai essayé de retourner sur Apt, voir mon fils et comme avant utiliser ce dernier pour m'avantager mais je n'en ai tiré aucun plaisir. Ainsi je suis sur Aix à me rendre en taverne parfois pour ennuyer quelques personne en appuyant sur leurs faiblesse.
La Provence est ma prison, une prison dorée j'en conviens mais elle reste pour moi une cellule froide et sans âme. Qu'attendre d'elle alors ?
J'ai envisagé un instant retourner dans le Royaume de France suite aux élections mais le roi est ami de mes ennemis et bien que très proche de celle qui partage sa couche, je ne crois pas en tirer quelque avantage.

En somme je m'ennuie ! Il y avait en moi lors de nos rencontres un flamme que je ne retrouve pas... Si je puis cependant vous aider en quoique ce soit, qui sait peut être que cela pourrait réveiller en moi quelque chose.

Anne

Citation :

A la dame au miel,

Pardonnez moi, je vous ai donné rendez-vous à Lyon mais je ne puis encore y aller. Sur le chemin je me suis égaré et par inadvertance Autun fut tombée. La faute à pas de chance, ils sont si concentrés à s'étriper verbalement ces bourguignons. Un peu comme en Provence, mais avec un soupçon de noblesse, c'est un peu plus classe.

Que racontez vous depuis votre poste d'ambassadrice itinérante ?
Votre voyage dans le royaume de France se passe bien ? Il parait qu'une odieuse maladie sévit dans le Nord, n'y allez pas !

Depuis mes forfaits, je vis la nuit, il est si désagréable de ne point profiter des tavernes le jour et je ne vous dis pas, les gens sont si fades, votre compagnie me manque. Le Très Haut est-il si avare qu'il prive de plus de deux tiers ses fidèles en intellect ?
Je suis peut-être trop arrogant, mais c'est ce que je pense, pourquoi donc faire semblant à être gentil, si on ne l'est pas...

J'espère avoir de vos nouvelles prochainement, portez vous bien,
Adrian Sauvan

Citation :

Très cher,

J'ai bien remarqué que vous n'étiez point au rendez-vous, puisque je n'ai trouvé dans les tavernes lyonnaise qu'une Comtesse de Provence qui pour je ne sais quel raison crois pouvoir me parler comme à une amie. S'il lui plait de le croire, je ne saurai m'opposer aux lubies d'une femme de rang.

Revenons cependant à votre absence qui n'a de cesse de se prolonger. Je ne devrai même pas vous répondre tant il m'arrive trop souvent ces derniers mois de pester après vous ! Fort heureusement vous précisez dans votre courrier que ma compagnie vous manque. Qu'il s'agisse de vérité ou de flatterie mon égo s'en contente assez pour que j'ai pris la plume.
A moins que ce ne soit pas simple désir de vous répondre mais c'est moins flatteur pour moi et plus pour vous donc nous ne parlerons pas de cette option.

Vos péripéties m'amusent autant qu'elles ne m'inquiètent. Vous êtes la liberté incarné. Je ne saurai en dire autant puisque je me suis moi-même enfermée dans une cage dorée. Pour ça je vous admire et vous envie.
Je crains cependant que nous n'ayons quelque chance de nous revoir si vous continuez sur ce chemin. Des provençaux bien placés, en tant que greffière j'ai quelques oreilles contre les murs de la Justice, sont ravis d'apprendre vos méfaits. Je ne serai pas surpris que vous soyez un jour banni de Provence...

Et tout cela pour quoi si vous ne pouvez même pas profiter de vos journées ?
Votre liberté et l'amour que vous lui portez sont sans doute des raisons suffisantes. Je vous admire, vous envie et vous hais aussi parfois.

J'ai décidé il y a peu de vous rendre responsable de mes maux. Je m'ennuie et vous n'êtes pas là donc c'est entièrement votre faute. Que je sois juste ou non en le disant, cela me permettait d'avoir un coupable. Malheureusement ce ne guère efficace puisque je suis incapable de nourrir un désir de vengeance à votre égard.

Je suis revenue en Provence puisqu'au Royaume de France je n'ai pu rencontrer ma cousine qui suit son amant comme son ombre et voyage donc en escorte royale, puisque également vous n'êtes pas venu sur Lyon.

Je serai donc en Provence le jour où peut être vous reviendrez mais je crains que d'ici là la mélancolie ne m'ait changée.

Portez-vous bien.

Anne

Citation :

A la mielleuse venimeuse,

Voilà une belle lettre empreinte d'une certaine amertume. Me faire endosser tous vos maux, vous faites preuve d'une extrême cruauté à mon égard. Mais je vous le concède, je n'ai pu que rougir de honte en vous lisant, cet odieux lapin et cette rencontre avec Saint Rémy de PROVENCE, oui ne pas oublier le Provence, je ne puis que vous plaindre, compatir même à votre souffrance.

Gagez que je me faisais une joie de vous retrouver à Lyon, mais à force d'ordres et contre ordres, Lyon fut mis de coté et pour longtemps. Je profite des alpages savoyards, peut-être même entendrez vous parlé de mes futurs exploits.

Car, je sais bien que cela parle dans mon dos, les pauvres, leur vie et si triste et monotone dans une Provence toujours plus vide et ce n'est pas un vote sur une Constitution qui remettra de la joie de vivre au pays des Cigales !
Et puis, ce qui se passe hors de Provence, doit y rester, un bannissement ? Pour quel motif, je risque un procès pour une aide apportée à l'armée de Francuski mais j'ai montré à l'Illustre et son conseil qu'aucune loy ne pourrait m'être appliquée pour cet acte...

Il se peut que je descende en Languedoc sous peu, un détour en Provence est envisageable mais rien n'est moins sûr. Si ce n'est pour vous croiser et gérer mes domaines, la Provence m'indiffère toujours autant. J'attends de voir si la marquise abdique et quitte le comté.

Que prévoyez vous pour l'avenir, continuer de vous morfondre en Provence, ou voyager ? Et la chancellerie, avez vous obtenu de bons accords, j'avoue que votre supérieur est un crétin sans limite, quelle désespérance de voir pareille affliction toucher le comté.

Ma lettre est courte, je vous promets un pli plus travaillé dans les prochains jours, sauf et j'espère que vous me le pardonnerez, enfin non vous ne me ferez pas ce présent, je suis pendu haut et court.

Ne mourrez pas d'ennuis et ne prenez pas la poussière,
Adrian Sauvan