Visite de Mila, son bambin, de Fred et de Gabcha...Le quatuor pénitent et priant.

Ils arrivèrent devant la magnifique chapelle. Mila sourit à Fred et lui prit la main. Il était bien trop esseulé ces derniers temps pour devant un lieu de foi, refuser ce geste d'amitié aristotélicienne. Elle aurait bien prit la main de Gabcha aussi mais il lui fallait encore tenir son fils dans les bras.

Puis elle rit aux propos de Gabcha.

Et pourquoi pas une flagellation ? Je suis sûre que nous avons tous péché et que nous repentir ne nous ferait pas de mal...

Puis un sourire vers Fred.

Je ne sais ce qui t'a fait désirer venir ici lieu mais pour ma part plutôt que la flagellation, j'aimerai beaucoup prier. J'aime prier... c'est de ces moments où je suis seule face aux vérités que j'ignore, sur lesquelles je mets des œillères. Le seul moment où je suis... sage et j'en ai grandement besoin.

Elle garda pour elle ce qui en cet instant aurait pu l'inciter à ne pas être sage mais, seule avec deux hommes... heureusement qu'elle avait emporté l'enfant. Et voilà que ses pensées confirmaient ses propos, elle devait de toute urgence prier le Très Haut.

Je ne sais si je saurai faire une visite, chacun de nous le peut et voit ce lieu de sa propre manière, quand à une flagellation collective, si telle était mon idée, ce qui n’est pas le cas mais c’est une chose que je ferai seul et bien seul, bien loin de moi d’embarquer quiconque avec moi.
Par contre en ce lieu saint et si magnifique je ressens le besoin de prier et même d’allumer une bougie, ça ne prendra pas bien longtemps et nous ferons ensuite ce que vous voulez …

Fred entra ensuite avec Mila, lui lâcha la main un instant pour se signer, la laissa faire à son tour puis lui reprit la main en direction des bougies qui éclairaient une partie de la chapelle accompagné de son oncle Gabcha.
Il prit 4 bougies et les alluma.

Pria alors sur place un instant, plus fort que jamais, fixant la lueur des flammes, celle-ci reflétaient et brillaient si fort dans leurs yeux, le Très-Haut l'entendrait il enfin ? ...

Mila resta silencieuse fixant les flammes des bougies elle aussi. La chaleur divine tel l'Astre Solaire. Elle priait son enfant toujours contre elle et se surprit à lui sourire.

Quelques minutes s'écoulèrent tandis qu'ils priaient. Elle ne voulait pas demander pardon pour se péchés rien de tout ça. Elle avait senti en prenant la main de Fred une tristesse plus grande qu'un mea culpa.

Briser le silence ? Elle n'était point de l'Eglise bien que fidèle mais connaissait le livre des vertus...

Briser le silence ?

Elle regarda Gabcha et lui sourit. Aux lueurs de ses bougies sa tenue resplendissait.

Tsssss est-ce un moment pour penser à la mode, se dit-elle.

Elle pria donc encore très concentrée cette fois sur une chose. Apaiser les peines qui rongent autant que faire ce peut.



Raphaëlle...

Un mot murmurait sans qu'elle ne le veuille vraiment. Mais c'est à cette sainte, à cet archange que Mila pensait en cet instant.

L'Archange Raphaëlle? Mais je connais sa prière par coeur. Yueel est un très bon professeur.

Et Gabcha commença à réciter tout haut l'hymne suivant...

Ô Dieu !
Toi en Qui je crois,
Toi qui guides mes pas,
Donne-moi la force de professer la grandeur de Ton Nom
Ainsi que l'amour et l'adoration que j'y porte.
Envoie-moi Ton Archange, Raphaëlle, pour qu'elle chemine à mes côtés,
Que je ne sois plus seul face à l'ennemi de ma foi et de ma conviction.
Que mes actes obéissent à mon coeur et que même ma main gauche suive les commandements de ma droite.
Que mon coeur te craigne.
Et que j'annonce Ton Saint Nom.
Dieu, daigne lever ta main, que Raphaëlle descende et me vienne en aide.
Ainsi soit-il !

Il s'était agenouillé sur le Prie Deos. Contemplant les bougies. Ses yeux lui piquaient. La vie devenait de plus en plus difficile en Provence. Il en avait d'ailleurs souvent parlé à Mila, mais n'arrivait pas à exprimer justement ses sentiments.
Il se laissa emporter par son intuition. Il prit la main de Fred dans sa main droite. Déposa la gauche sur l'épaule de Mila, et affirma...

Et tu disais m'aimer,
Mais tu pars , et je reste seul:
Tu m'arraches de toi, m'exilant en mes îles froides...
Toi, Seigneur, bel ami,
Tu m'es présent, ce soir.

Tous sont partis, je n'ai plus que ma solitude,
Nue en sa vastitude.
On s'écarte de moi, m'acculant aux songes grisâtres...
Toi, Seigneur, doux ami,
Tu me restes, ce soir.

Les hommes sont amis d'un jour...
Ils m'épient aux alentours
De mes ennuis si lourds, si gourds...
Toi, Seigneur, ami fort,
Tu me restes toujours.

J'ai souvent peur des lendemains:
L'on ne me tendra pas la main,
Et je serai quelque orphelin, blême en ses rêves vains...
Toi, Seigneur, bon copain,
Tu seras près de moi, demain.

Il est des matins froids, sans pain
(Sauf les croûtes de l'amertume),
Sans ardeur, sans douceur, sans rien.
Toi, Seigneur, mon amour serein,
Tu me restes en un coin
Du coeur,
M'accompagnant sur les chemins
Ou je bute aux pierres-chagrins.

Les gens s'en vont et ne s'en reviennent jamais...
Mais toi, mon Dieu,
Tu me demeureras toujours.
A tout jour qui naît, tu reviens;
Et ta Sagesse, c'est ma maison,
Et ma maison , c'est ta demeure.

Puis, un peu pâle, il termina par des intentions...

Qu'il arrive le meilleur pour Perperine. Le plus doux pour elle. Le plus juste.
Que Fred rayonne la vie. Qu'il la transmette aux autres.
Que Mila et son enfant chantent ensemble la Joie de la Création.
Que Véro et Elyouf puissent simplement être heureux, sans tracas.
Que Valmeu et Bloudas osent être.
Qu'Hersende puisse continue à posséder l'Harmonie et l'Equilibre. Son sourire est précieux.
Que Richelieu devienne pape.

Il sourit largement...Toussota...Et reprit...

Que Richelieu vive dans le Bonheur. Eternellement.

Gabcha vit avec peine son neveu les quitter pour se diriger vers l'avant de la Chapelle. Il sentait bien que Fred souffrait, il voulait l'aider de toutes ses forces...Mais manifestement, Le jeune homme désirait être seul...Ou pas...Le Cianfarano n'en savait rien finalement. Mila semblant également entrer en transes mystiques, le Patriarche décida d'aller s'aérer un peu.

Après avoir allumé une Rethyrighette à la bougie de Sainte Boulasse, il sortit de l'édifice et s'assit sur un banc, à l'ombre de trois bouleaux. Il aimait la symphonie de septembre. L'odieuse réalité de la fin de l'été. La finesse des jours qui partaient en ruines. Et le silence qui accompagnait le tout.

Il regarda la façade imposante d'Apt. Son architecture raffinée. Ses jardins imposants...Et se laissa aller à ressentir le doux vent chaud de la Provence.

Quelques sabliers étaient passés quand un laquais vint lui apporter une missive. Gabcha ouvrit celle-ci , et la lut attentivement...

Citation :

Tombe, tombe et succombe
au sommeil des milles merveilles
Sombres, sombrent les ombrent
s'émerveille le vieil éveil

Les lueurs se floutent d'incertitudes
austères et opèrent nos peurs d'antan
Faux semblants aux paupières qui éludent
le mystère en deçà l'espace et le temps
Ô mes secrets se dressent, se pressent, m'oppressent...

Claque, claques et se braquent
les erreurs enfouies et se meurent
Flaques, lacs mis à sac
de larmes à l'ardeur de fureur

Les rêves sont sèves des envies sans ascèse
au sourire vermeil du sommeil qui s'écrit
Pleurent aux cauchemars, se marrent nous lèsent
drames vaporeux, irréels et le corps qui s'écrie
Ô mes peines me peinent, à peine me gagne la nuit...

Et dormir ? Juste s'endormir de paix
S'abandonner, ne chercher ni le faux ni le vrai
S'enfuir aux méandres d'un rire d'innocence
Ne plus songer dans les songes d'apparence
Sans s'évader, ni peine, ni joie
N'être rien de plus que vie
Sans jamais craindre la foi
Ni céder, ni résister aux envies
Dormir, sans plus jamais craindre le sommeil.

Mila.

N'être rien de plus que la vie...N'être rien de plus que la vie...Cette phrase tournait dans sa tête alors qu'il s'endormait...

C'est que si elle ne réagissait pas vite il partirait comme un voleur le marseillais. Pas de temps à perdre pour la blonde nanmého ! Il était gentil à l'embrasser et filer mais elle tenait à répondre... Qui a dit qu'elle était capricieuse ?

Sans attendre une minute, elle balance son môme dans les bras de Gabcha et file vers Fred qui avance à grand pas vers les grilles, elle court presque, les enjambées de l'homme surpassant nettement les siennes.

Dis donc toi, dit-elle d'un air faussement outré sourire en coin quand elle arriva à sa hauteur. Si tu pars aussi vite comment fais-je moi pour à mon hauteur te faire un bisou ?

Son sourire se fit alors franc et elle posa un baiser sur la joue de son ami.

Essaie de te porter au mieux hein et n'hésite pas à venir en Arles au besoin, sinon on se reverra ici.

Elle le regarda et s'éloigna retournant vers Gabcha sans encore le saluer de la main. Il fallait qu'elle récupère son fils elle commençait à se demander comment le roi de la mode connu jusqu'au Berry allait prendre l'arrivée soudaine du monstre dans ses bras.

Gabcha avait assisté au départ de Fred avec beaucoup de peine. Néanmoins, d'une certaine façon, le jeune homme, en quittant Apt, avait choisi symboliquement le Chemin de la Liberté. Le Patriarche des Cianfarano , de par son statut, ne pouvait plus reprendre la Voie de la normalité . Etait-ce bien? Mal? Triste? Heureux? C'était, c'est tout...Et c'était déjà beaucoup.
Il prit le bébé de Mila dans ses bras. Il était beau, finalement, cet enfant. Il portait bien des promesses en lui. Cianfarano se promit de Prier le ciel pour que le gamin ne devienne pas homosexuel...La Tare de Gabcha en commun avec celle de Rethy...Qu'il n'écrive pas des poèmes...Ne gribouille pas des dessins de mode...Qu'il soit...Quoi finalement? Ah oui...Fréquentable. Décemment montrable à la Société.

Il regarda revenir Mila, lui sourit et lui affirma...

Tu as fait beaucoup pour mon neveu Fred. Je t'en suis vraiment reconnaissant. Quelle est la suite de ton programme? Je demande à un laquais de te présenter Yluxe? Elle n'est pas vilaine, ma belle soeur, et ne manque pas d'intelligence...

Unn gueux s'approcha soudain de lui et donna une missive...Il la lut...

Citation :

Mon cher beau-frère,

le retard avec lequel je vous répond ne reflète aucunement l'intérêt que j'ai porté à votre courrier.
Je vous remercie de votre sollicitude, votre lettre m'a beaucoup touchée. Il est vrai que je me fais vieille et que je vois moins de monde à Bonnieux que vous ne pouvez en croiser à Apt. Je me suis donc réjoui d'avoir des nouvelles d'ailleurs...et de vous. J'aimerai encore posséder un peu de la jeunesse que vous affichez et de l'audace que vous mettez en toute chose.

Je tiens d'ailleurs à vous remercier pour le bal qui a été tenu à Apt. Vous avez contribué grandement à sa réussite. J'ai vécu cette nuit là une émotion intense, dans l'observation des valseurs de la vie autant que dans le parfum des vieilles âmes. Longtemps me restera l'image des visages fatigués mais sereins éclairés par le feu dans le petit matin. Ces moments de grâce insaisissable.
Après ces instants, la vie quotidienne nous parait si fade.

Je suis ravie que vous adoptiez la Foi d'Aristote. Je crois que notre neveu est idéal pour prêcher le chemin vers le Soleil. Il est atypique mais sa Foi est vraie.

Vous me voyez navrée de constater le peu de visiteurs qui osent pousser la porte de vos ateliers. Moi-même je vous ai promis une visite mais j'avoue que j'ai bien du mal à quitter Bonnieux. Il faut dire que mon époux avait conçu des appartements si confortables que je m'y laisse vivre doucement.
Ironie du sort: mon rêve le plus fou était de voyager, me voici sédentaire accomplie, ancrée à son domaine plus que de raison...Que voulez-vous, je suis si sensible aux écarts de température qu'Axer m'empêche presque de sortir... Pourtant, ne serait-il pas plus beau de mourir d'une pneumonie à Constantinople que de sentir flétrir ses os sans avoir rien vu que la Provence? Par moments j'hésite presque à partir, seule sur mon destrier, voir ce que la vie offre au delà de l'horizon...oser...en serait-je jamais capable?

Mais revenons à nos moutons, mon cher Gabcha, je vais avoir besoin de vos services quoi qu'il arrive. Le comte doit bientôt officialiser la situation et me nommer Dame de Bonnieux. Eu égard à mon époux chéri, je ne puis raisonnablement paraître devant la noblesse provençale affublée d'une robe qui ne me va plus, si bucolique soit-elle (Line vase ne pourra plus me secourir, je n'oserai la dépouiller de sa bure désormais, je suis sûre que nous avez point été dupe de la manoeuvre lors du bal...). Je dois être digne de Rethy et de l'honneur que Ludovi me fait. Les Cianfarano ne méritent pas une Dame en guenilles alors qu'un créateur tel que vous officie en Provence.

J'espère ne pas vous avoir ennuyé, les récits de la vie d'une vieille femme sédentaire ne sont point réjouissants.
J'ai honte de ne pas prendre soin de ma famille comme il le faudrait. Mes pauvres enfants doivent me trouver si lointaine. Saurait-je jamais les aimer, les chérir, leur accorder la présence qu'ils méritent? Je ne sais, et cela me désespère...

Recevez mes bons baisers, si chastes et fraternels soient-ils, la tendresse n'a jamais fait de mal à personne.

Bien à vous,


Yluxe

Très rapidement, Cianfarano demanda une plume et un parchemin et écrivit ceci...

Citation :

Venez à Apt, venez vite. J'ai envie de vous voir. Mila, son enfant et moi sommes devant la chapelle.
Gabcha

Il roula la missive , la donna au domestique et commanda...

A Bonnieux, mon Brave! Que ma Belle-Soeur se présente à Nous!

Une année... une guerre, des décès, des départs... une année entière et elle revoyait cette femme qu'elle n'avait aperçut qu'une fois ainsi que feu son époux à un baptême tragique.

La vie a bien changé depuis disait-elle... cela était si vrai. Devait-on s'en plaindre ou était-ce le cours de la vie qui faisait son oeuvre ? Les deux sans doute...

Gabcha l'avait conviée... sans doute tandis qu'elle courait après Fred. Chose étrange, Mila est intimidée, cette femme en cet été indien, la fleur portée à ses cheveux dans sa robe lui évoque une vestale... Mila se tait. Mila observe. Mila attend...

... et voit un regard se poser sur son enfant, une main qui d'un geste tendre se pose sur la joue du petit. Se pourrait-il qu'il fut un être à aimer ? Elle le regarde. Sans nul doute cela est chose possible.

Une chapelle.... une femme qui fait preuve de tendresse envers lui... Yluxe, le nom de la veuve lui revient, un Y comme...

Mila sourit, elle vient de trouver le prénom de son enfant et elle l'aimera finalement ce cher petit.

Merci pour lui... dit-elle sortant de son silence son regard posé sur la veuve.