RP en Halle de Marseille (Mars 1457)

RP en Halle de Marseille (Mars 1457)

Détails : A venir

[Une rue de Marseille, non loin de là]

Accompagnée comme toujours de son valet Axer, Yluxe parcourait les rues de Marseille d’un pas rapide, elle avait hâte de retrouver son époux et leurs amis pour la soirée imprévisible qu’ils avaient projeté. Elle courait presque et le domestique docile suivait sans broncher.
La tenue de la jeune femme était assez sobre, elle tenait à être à l’aise et puis, après tout, ils seraient accompagnés d’un homme d’église, et en petit, comité, l’heure n’était pas au faste, ce qui arrangeait la cianfarano nouvelle, jamais très à l’aise dans les costumes d’apparat. La seule touche qui dénotait toujours dans son allure était le pomander que lui avait offert son mari, qui luisait à sa ceinture. Elle ne le quittait pour ainsi dire jamais, sauf pour dormir.
Elle avait confié à Axer un petit paquetage, constitué de chandelles, d’un châle épais, un petit pot d’olives, une bouteille des îles Orcades et d’un jeu de cartes qu’elle récupèrerait un peu plus tard, ne voulant pas s’encombrer inutilement les mains avant que ce ne soit nécessaire.

Tout en marchant son esprit virevoltait autant que ses jupes sur ses mollets.
Elle se questionnait sur plusieurs choses. Premièrement, le programme de la soirée qui restait inconnu. Son mari avait souhaité se confesser, en premier lieu et avait eu peine à lui avouer. Yluxe ne comprenait pas trop pourquoi, lui qui avait toujours une conduite si vertueuse…peut-être voulait-il expier des pêchés qu’il n’avait pas osé lui confier...mais ils étaient si proches, il était rare qu’il lui cache quoi que ce soit, même ses faiblesses les plus inavouables. Elle préféra ne pas réfléchir plus avant et respectait ce désir.

La deuxième interrogation consistait en la deuxième partie de la nuit, où les femmes rejoindraient les hommes..et là..mystère! Yluxe échafaudait toute sorte d’hypothèses sans arriver à en voir le bout. Elle savait que son époux avait prévu d’héberger Arwen et Monseigneur de Sabran mais cette histoire de visite cosmique, elle n’y comprenait définitivement rien.


Elle mit de nouveau ses pensées de côté alors que les deux marcheurs touchaient au but, la lumière abondait à travers les ouvertures d’une taverne.
Alors que son mari avait opté pour la spiritualité, Yluxe avait décidé de se divertir et d’en profiter avant de rejoindre son époux et le Comte d’Apt au lieu convenu. Elle sortait peu de chez elle et la visite en ville de nouveaux arrivants lui avait donné cette impulsion qu lui manquait parfois pour sortir en société.

Elle s’adressa au valet, se chargeant du paquetage qu’il lui tendait
Tout s’est passé sans encombre Axer, parfois je me demande si je ne pourrais pas me passer de vos services pour sortir
Un soupir, le regard triste, elle frémit
mais je ne peux m’y résoudre, il suffirait d’une fois, une seule malheureuse fois…
Axer la rassura
Je ne laisserai personne vous faire du mal Madame, j’aurai trop de peine, et votre mari m’a bien ordonné de vous protéger lorsqu’il n’était pas là lui-même pour s’assurer de votre sécurité
Yluxe lui sourit, vraiment, cet homme était une perle
Vous pouvez rentrer, j’aurai certainement quelqu’un pour m’accompagner au retour!

Le valet congédié s’inclina et retourna sur ses pas tandis que la cianfarano entrait dans la taverne.

Rethy de Cianfarano, tel un aigle se précipitant sur son onctueuse proie, ouvrit la porte de sa demeure et contempla avec ravissement l’ Etre de Lumière qui lui souriait.
Arwen portait une robe de dentelle orange, légèrement serrée à la taille par une ceinture de cuir rouge. On pouvait deviner à travers l’ensemble le corps de la guerrière et celui de la Femme. L’homme l’embrassa tendrement, et lui affirma…

J’aime ton regard si Fragile,
Et la Douceur de ta Voix
Je t’accueille , Ma Subtile,
Dans Mon « Chez moi »…

Viens, nous allons recréer le monde,
La Marselha de l’Amitié…
Et rire , Somptueuse Ronde,
En une courtoise Volupté.

Il la guidait vers le Coffre aux Vins fins quand il sentit une présence derrière lui. Il se retourna, et vit avec stupéfaction que Monseigneur Ludovi avait manifestement accompagné son amie. Il rougit, et dans un mouvement hésitant, s’approcha de lui. Que dire ? Que faire ? Rethy baisa comme il se doit la bague en améthyste et s’entendit prononcer…

Venez, nous allons recréer le monde,
La Marselha de l’Amitié…
Et rire , Somptueuse Ronde,
En une courtoise Volupté.

J’aime votre sagesse si suave,
Et la Piété de votre Voie
Je vous accueille, Mon Emoi,
Dans mon humble « Pour Toi »

Cianfarano toussota quelque peu, puis affirma…

Nous allions commencer la Rencontre par une petite collation. Je suis certain, Monseigneur, que vous ne voyez pas de mal à la Boulasse ! Pessac et Bandol s’offrent à nous !

Il laissa Richelieu rejoindre Arwen, versa dans quatre verres de cristal un Leognan 1444, et se redirigea vers eux, tenant en équilibre instable le liquide précieux.

Trinquons à la courtoisie !

A Richelieu qu’il me tarde de découvrir davantage !
A Arwen , celle que ma Femme nomme : « Ma Belle et Vraie Amie »
A …

Mais où se trouve Yluxe ? Seigneur Aristote, je crois qu'elle t’attend, Arwen, dans la Fumerie Noire ! Enfin, si mes souvenirs sont corrects...

Rethy s’approcha lentement de Ludovi. Il ne s’était pas trompé : seul cet être surnaturel, aux vers fragiles et délicats, pouvait lui faire entrevoir la Courtoisie et ses multiples méandres. Bien sûr, le Cianfarano ne pouvait s’empêcher de faire un rapprochement entre Richelieu et Righeimdall, Son Ami décédé. Deux personnalités fortes et douces, intelligentes et humaines, charnelles et …Si tendres. Ses deux Ri…Ou son Riri recomposé.
Pris d’une forte émotion, l’ancien Maire de Marseille tendit sa main vers celle de son Voisin d’Âme…Cupidon ajusta sa flèche…Et c’est à ce moment là qu’Arwen sortit de la pièce.

Seigneur Aristote, mais …

Rethy rougit plus que de raison, se rendant compte qu’il avait failli à ses devoirs d’hôte en n’accueillant pas avec plus de ferveur son Amie.

Il ne faudra jamais envisager pour moi un poste diplomatique, mon Courtois ! Regarde comme je suis ridicule. Quelle tristesse ! Nous deux… Désormais seuls ! Est-ce le Destin ?

Rethy s’approcha de sa malle à vêtements, l’ouvrit et commença à se déshabiller lentement, chuchotant à Ludo…

Je suis certain qu’elle va rejoindre mon Epouse.En les attendant, nous allons préparer la suite de notre soirée et converser un petit peu.Comme tu ne le sais pas, le Thème est : « J’antiquite, tu antiquites, antiquitons ensemble…Ou sur les traces de Périclès et d’Aristote… »

Cianfarano mit soigneusement sa chemise sur un tas d’autres, enleva précautionneusement ses chausses et ses braies et, dans toute sa nudité musculeuse crue, affirma…

J’aime me promener nu dans mes demeures, à Fort Tarasque comme ici. Mais pour cette rencontre, j’ai tissé deux pagnes athéniens. Comme tu le vois, il y a une petite ficelle qui maintient le tout…Elle se porte sur l’arrière !

Dans un mouvement quasi divin, Rethy enfila sa tenue de bal…

Je suis prêt…Les femmes auront une tunique longue, bien évidemment. Et voici ton pagne ! J’ai même brodé un M sur son devant !

Voyons s'il est à ta taille!

Cianfarano tendit à Richelieu, dans un geste théâtral, la petite laine.

[Au coin d’une sombre ruelle]

Les deux amies riaient de concert, meilleur remède de la peur. Lorsqu’elles retrouvèrent un peu leur calme, Arwen affichait un visage un peu inquiet, Yluxe lui souriait toujours.

Elle la rassura quant à son état, frottant ses jupes pour retrouver un aspect présentable
Non non tout va bien! Mais j’ai eu une de ces frousses quand on s’est…rencontrées…j’ai cru encore être agressée !
Elle n’osait avouer à son amie qu’elle était sortie seule, bien consciente du danger
Je..oh…je faisais la route pour te retrouver, j’avais prévu que l’on se retrouve à la fumerie comme au bon vieux temps le temps que Rethy puisse se confesser auprès de Richelieu avant que nous les rejoignons.
J’ai renvoyé Axer, mon domestique, pensant qu’on serait plusieurs pour le retour, ne voyant personne arriver j'ai décidé de partir à ton encontre, mais le chemin n’est pas si long et je marchais vite!

Elle mit un bras au tour des épaules d’Arwen qui lui tendait son paquetage, si heureuse d’avoir de la compagnie dans cette obscurité, et sur son invitation, elles prirent ensemble le chemin de leur taverne de prédilection.
Tu as raison, j’ai froid maintenant…nous allons bien nous réchauffer autour de quelque chopine. Je suis sûre que tu as bien quelque bouteille en réserve pour fêter cette rencontre…percutante!
Allons, nous y serons bientôt et à nous deux, les brigands n’ont qu’à bien se tenir !

Elle étoffa le tout d’un éclat de rire et d’un mime de bagarre, pour se rassurer encore une fois en faisant la fière. Et surtout, elle était ravie de passer cette soirée en compagnie de son amie qu’elle voyait peu mais avec qui elle partageait tant.




[A la fumerie…le retour…]

Elles poussèrent la porte de la taverne. Elle était déserte, la soirée commençait à être bien avancée et beaucoup avaient déjà regagné leur pénates. Yluxe s’approcha du feu qui flambait, grelottante, quitta son manteau qu’elle étala sur un fauteuil pour qu’il sèche. La chaleur du feu lui brûlait le dos mais c’était tellement bon après tout le temps qu’elle avait passé à grelotter.

Tandis qu’Arwen prenait aussi ses aises dans sa taverne, elle lui glissa un regard complice
Qu'il fait bon être ici...Et si mon cher époux a des choses à confesser, pour ma part je veux tout savoir de toi depuis que nous ne nous sommes vues : comment vont les enfants, pourquoi ton mari est-il parti si précipitamment, comment t’es-tu blessée…le bien, le moins bien…TOUT! Je ne te vois pas si souvent, il faut que nous en profitions !

Un peu revigorée, la jeune cianfarano fit mine de passer derrière le bar pour leur servir des verres…Je peux ? Ça me rappellerait tant l’époque ou j’étais ta tavernière. Je vais te dire, je crois que les souvenirs que j’ai ici, sont uniques.
Elle sourit, le regard un peu dans le vide
Etre tavernière de Dolphin, c’était…différent, Un rire et chez Rethy…eh bien, tu t’attends à voir la taverne être détruite à chaque lune, c’est perturbant, mais que ne ferait-on par amour ! Ah, c’est autre chose…
Elle soupire, un peu pensive avant de se retourner vers son amie En parlant de tavernier, comment va Bébou ? Tu as de ses nouvelles? Voilà longtemps que je ne l’ai vu…

Arwen s’en était allée et Rethy de se lamenter sur son tact, enfin …Son manque de tact en l’occurrence.
Mon Courtois, qu’est ce que cela l’amusait. Depuis qu’il l’avait plus amplement connu à Ansouis, ce mot l’amusait beaucoup et lui rappelait sans cesse Rethy.
Et voilà qu’il mêlait le Destin à leur soirée. Etait-il de la partie ? Ou avait il été forcé ?

Rethy s’approcha de sa mystérieuse malle, en chuchotant …
L’archevêque lui était debout devant une grande baie vitrée et admirait le port, de nuit.

J’aime me promener nu dans mes demeures, à Fort Tarasque comme ici.

Ludovi rit à cette phrase. Il se demanda pourquoi d’un coup sont compagnon lui disait ça. Riant toujours il se retourna et …

Une vue troublée
Un vent de folie
Le Rethy dénudé
Etait-ce une vue de l’esprit ?

Il était nu et enfilait un vêtement bien petit. Il ne couvrait que l’Objet. La Virilité, l’inavouable, le Mignon de l’homme. Ludovi en resta bouche bée. Que lui prenait il ? Que faisait il comme ça, et si il s’était égaré ? Un quiproquo, un égarement ?

Mais pour cette rencontre, j’ai tissé deux pagnes athéniens. Comme tu le vois, il y a une petite ficelle qui maintient le tout…Elle se porte sur l’arrière !

Et voici ton pagne ! J’ai même brodé un M sur son devant !

Voyons s'il est à ta taille !

Je … Mais qu’est-ce que ? Un M ? Pourquoi un M ?

Ludovi trouva sa question très bête vu la situation devant laquelle il se trouvait. Certes il n’était pas en vêtement liturgique, mais tout de même, un homme était nu devant lui, et vraisemblablement il avait quelques idées.

Je, je ne m’attendais pas à ça. Considérant le pagne. De, dois-je vraiment l’enfiler ? Je veux dire …

Et il se souvint des paroles de Rethy. Ecoute ton cœur, et suis le.

Je vois.

Ludovi avait dans sa petite jeunesse, fréquenté des jeunes garçons. Au Grand Dam de sa nourrice Azalaïs. Celle-ci se présentait comme sa mère adoptive alors qu’elle l’avait en réalité kidnapper. Mais elle avait toujours tenu à l’élever comme le noble qu’il était en réalité. Elle détestait ces escapades avec ces amis, tous Gueux. Amis Ludovi lui s’était beaucoup amusé à cet époque. Et il avait connu des après midi de baignade. A cet époque, ce n’est pas la pudeur qui les arrêtaient.

Mais les temps avaient changé. Ludovi était au meilleur moment de sa vie, assez vieux pour faire les bon choix, assez jeune pour les réaliser. Simplement il avait retrouvé sa mère, pénétré la noblesse Provençale, et cette simplicité bien que familière au fond de lui, le troublait.

Après tout mettre ce pagne aussi ridicule soit il ne le tuerait pas. D’un autre coté, si cela se savait, le scandale serait de taille.

Quoiqu’il en fût, le Comte d’Apt saisit le pagne, et entreprit de le mettre. Il posa son chapeau qu’il avait ôté en rentrant, et se libéra de sa cape flambante. Il défit son gilet, sa chemise dévoilant ainsi son torse. S’en suivirent ses chausses et ses braies.
Le Comte était donc paré seulement de ce que les romains nommaient subligaculum. Il enfila le pagne par-dessus, espérant que Rethy ne s’en plaindrait pas.

Hum, dit il est serré ! Ce n’est pas très discret.
Hum, et maintenant, que dit le programme ?

Depuis qu’il l’avait rencontré à Ansouis, au mariage de Gabbryelle et de Ken, Cianfarano savait, au plus profond de son coeur, qu’il avait trouvé en Ludovi son âme sosie... Celui pour lequel il était prêt à tout sacrifier, y compris sa propre Vie... Son Yluxe masculin. Bien évidemment, la peur gagnait aussi l’esprit de Rethy : celle d’essuyer un refus, celle du regard des autres, celle, en fait, de ne pas être aimé.
Emu, il observa Richelieu se déshabiller. Il y avait dans les gestes lents de son compagnon une expression de consentement, un appel à de la tendresse mais aussi à la fusion des énergies. Quand il vit que son frêle et doux avait mis son pagne par-dessus un autre, il ne put s’empêcher de dire…

J’aime ta pudeur, mon "M" comme Monseigneur. Mon oncle Julius disait : "Qui enlève sa culotte en mars se retrouve squelette en avril." En revanche, ayant tissé cette laine d’après ma propre anatomie, je ne puis m’empêcher de féliciter ta maman…Tout est trop serré !

Rethy s’approcha de Ludo en rougissant, se répétant intérieurement et sans cesse les mots de Dame Vero de Beausoleil « Valeque…Soyons vrais ! » Il entendit vaguement Richelieu lui demander la suite du programme de la soirée, hésita, puis se laissa porter par son intuition…
Il lui mit les bras autour du corps, et l’embrassa avec toute la tendresse du monde. De légères larmes coulèrent de ses yeux…Larmes de bonheur, de fierté…De Vie. Il lui affirma…

Ce que tu veux…Pour la suite… Ce que tu désires. Je suis avec toi, je suis bien. Nous pourrions commencer par nous parler, nous connaître un peu mieux. Ou alors, rester dans le silence, écouter le chant des Etoiles.
Etre, tout simplement !

Puis , il lui chuchota…

La vie est un songe ,
Laisse le destin s’éveiller…
Passons au-delà des péchés,
Entrons dans la ronde des anges.

[A La Fumerie]

Arwen fut bien rassurée de voir son amie sans blessure et ravie d'apprendre qu'elle venait à sa rencontre

"C'est gentil d'être venue me rejoindre, je ne savais pas que je devais venir ici, sinon je t'aurais rejointe directement... Mais j'ai senti de suite que je dérangeais les deux hommes..."

Elle la suivit jusqu'à la Fumerie où elles s'installèrent confortablement bien au chaud. Heureusement la taverne était calme et ce début de soirée entre femmes risquait d'être rempli d'échanges et de verres. Son amie était très bavarde ce soir et voulait en savoir beaucoup ce qui n'était vraiment pas pour lui déplaire, lui rappelant les heures à discuter en taverne par le passé. La voyant passer derrière le comptoir, surtout sentant son émotion elle sourit tendrement

"Oh tu sais ce comptoir n'attend que de te retrouver... A l'époque vous aviez votre taverne je ne voulais pas te débaucher de chez toi quand même... Tu sais Beb je n'ai pas de nouvelle, un jour ça va lui prendre il m'écrira, comme d'habitude, mais là cela fait des mois que c'est le calme plat... Tant pis pour lui, je l'ai assez attendu, même si il lui reste toujours une bonne place dans mon cœur..."

Elle sourit, ce n'est pas ce soir qu'elle allait être triste par nostalgie, elle ne pouvait qu'être heureuse d'être avec son amie...

"Et bien tiens pendant que tu es derrière prend une des meilleures bouteilles d'hypocras de la Fumerie si tu veux bien, et une fois que tu seras assise toi aussi je te raconterai tout ou du moins tenterai de tout te raconter comme tu le veux. Mais attention je t'en demanderai tout autant ma belle"

Elle rit doucement, et remit en place quelques coussins pour accueillir confortablement son amie au coin du feu. Une fois installées elle leva son verre pour trinquer avec elle

"A notre Amitié et à cette belle soirée qui s'annonce...

Au fait si tu as des vêtements mouillés n'hésite pas à les faire sécher au coin du feu, on fermera à clef pour être sures de garder notre intimité."

Elle trempa les lèvres dans son verre et enchaina

"Et bien donc... Comme tu sais Jarl nous avait laissés, les enfants et moi pour partir à Arles sans rien dire à personne... Ce que les enfants ont eu du mal à comprendre. Alors je m'étais rendue là-bas pour le voir mais il n'a fait qu'être méchant, froid et évasif... Il disait nous aimer encore mais m'a fait beaucoup de sales coups notamment à l'Armée... Du coup j'ai abandonné et n'aie plus eu une seule nouvelle durant presque trois années jusqu'à, comme tu sais, il y a quelques jours où Castor m'a appris son décès, qui, à première vue n'est pas tout récent...

Ca m'a mis un coup mais à la fois libérée d'un époux absent qui ne voulait plus de nous, même si j'aurais pu faire annuler ce mariage je n'ai pu m'y résoudre... Et puis comme tu sais le seul qui m'aimait et aurait pu être avec moi a choisi les ordres... Comme quoi j'avais du vraiment faire un mauvais choix en épousant Jarl quand on voit tout ce que ça a engendré...

Enfin bon pour te répondre les enfants vont mieux que ce que j'aurais pu imaginer, comme moi ils avaient du s'habituer à vivre sans, sauf peut-être Melvin qui aurait vraiment besoin d'une présence masculine pour le guider... C'est presque plus facile de leur expliquer un décès qu'un papa qui ne veut plus les voir...

Fait une petite pause et reprend quelques gorgées dans son verre, réfléchissant en même temps aux questions de son amie

"Donc après tout cela je me suis mise à fond dans mon travail à l'Armée et j'ai du partir en mission à Gênes plus d'un mois... En rentrant j'ai eu un accident ou je ne sais quoi en fait... Un vagabond m'a retrouvée inanimée et m'a amenée dans un monastère où des moines m'ont soignée... J'ai mis plusieurs mois à m'en remettre et j'aimerais réellement savoir ce qui a pu m'arriver et pouvoir remercier cet homme qui m'a sauvée, mais il n'a pas laissé de nom... Ma blessure me parait suspecte pour avoir été causée par une branche comme l'ont dit les moines, malheureusement je n'ai aucun souvenir..."

S'arrête encore une fois pour s'assurer qu'elle ne s'endort pas et remplir leurs verres

"Tu dors pas ma Luluxe hein ? t'as voulu tout savoir tu as pris un gros risque là"

Sourit d'un air amusée

"Alors donc me revoilà sur pieds de retour en Provence et à Forcalquier... Je rejoins le conseil municipal, retrouve l'armée et l'Assemblée des nobles, mais je savais déjà que je bosserais moins qu'avant... Je comptais passer vous voir sur Marseille et j'ai rencontré Riri qui voulait aussi faire ce voyage, comme cela faisait des années qu'on attendait de voyager ensemble nous étions vraiment enchantés de le faire, même si bien sûr il faut toujours passer outre nos sentiments de part son statut désormais, mais il n'en reste pas moins adorable avec moi... Enfin jusqu'à ce soir peut-être, il avait l'air différent...

Bref... retour très agréable ici en tout cas, malgré le mauvaise nouvelle, soirée magnifique en votre compagnie et ce projet pour ce soir... Et puis j'ai rencontré deux hommes formidables, qui m'ont aidé à retrouver le sourire et à m'ouvrir un peu à nouveau... Maintenant que j'en ai le droit peut-être que je me permettrai à nouveau d'aimer un peu... Ca manque quand même durant des années des bras pour nous réconforter, nous soutenir, de la tendresse..."

Elle sourit doucement, mais pas tristement même si son cœur lui jouait à nouveau des tours, entre cet amour impossible depuis des années et l'avenir qui s'annonçait à elle...

"Voilà ma chère amie, je crois avoir fait un bon résumé sans presque rien oublier, rien de bien palpitant tu vois... Mais je sens qu'ici maintenant, je vais enfin revivre, ta présence a toujours été un vrai revigorant pour moi...

Alors... et pour toi donc ? raconte moi un peu... à moins que tu aies d'autres questions bien sûr..."

Rethy était toujours blotti contre le corps quasi nu de Richelieu. Depuis quelques sabliers, il reposait sa tête sur le torse de ce dernier, alternant baisers et soupirs d’aise. Rassuré par cette présence si encourageante, il affirma à son Ami…

J’avais tellement peur…Tu oses aller de l’avant…Quand je pense que tes ennemis te surnomment le Faible…Moi, je te trouve au contraire audacieux et vrai ! Un temps, j’ai cru que tu allais t’écarter de moi, remettre ta robe et fuir devant mes hardiesses…Et je te contemple, calme et plein de sérénité… Dans l’authenticité de ta virilité frémissante !

Puis, avec plus d’énergie dans la voix, il affirma…

Le Troisième Rethy…Celui de l’Espérance manifestement comblée ! Soyons francs, mon Ludo…

Rethy hésita, toussota, puis se lança…

J’appartiens à Yluxe. Mon Corps , mon Ame, ma Voix. Et je ne la quitterai jamais ! Pour la bonne et simple raison que ma Femme et moi nous nous aimons d’un amour irrationnel , infini, et totalement …Cosmique.

Les mecs, je les collectionne. Depuis mon arrivée à Marseille, je les choisis plutôt blonds, grands, musclés et épilés.Ce sont mes friandises charnelles, mes respirations merveilleuses. Je ne les aime pas, ils le savent d’ailleurs…Je les achète parfois, comme une miche de pain…En retour, ils m’offrent de la viande…Et je compte bien continuer à les engager comme valets, ces petites folles !

Réthy se retourna enfin vers son Ludo, de manière à le regarder intensément dans les yeux…

Tu est brun, petit, frêle et disons un peu poilu. Tu m’embrasses avec autant de passion qu’une chèvre aime un goéland. En outre, tu ne sens pas l’air marin, mais la myrrhe et l’encens.Enfin, tu ne réponds pas à mes lettres coquines, quand d’autres prient pour en recevoir.

Tu n’as absolument pas la capacité d’être un amant de passage…Tu es, mon tendre, La Catastrophe Erotique de ma Vie !

Cianfarano lui prit la tête dans ses mains, lui mit son front contre le sien et lui murmura…

En revanche, depuis longtemps, je rêvais d’un Ami. D’un Vrai .D’un Unique. C’était mon espérance. Tu es mon Elu d’âme.
Je vais te promettre sur ma vie et sur mon honneur les points suivants…

Jamais je n’aurai de relations courtoises avec toi.
Tu peux compter sur ma Loyauté, ma Franchise, mon Amour Aristotélicien, ma Constance, ma Fidélité.
Je puis te jurer que je serai avec toi aussi possessif, énervant , maniaque et perfectionniste.

Rethy , souriant, se détacha enfin du corps de Ludo, se dirigea vers son coffret à poignards, et choisit celui qui appartenait à son oncle Julius …Ensuite, dans un geste précis, il s’entailla la paume de la main gauche. Le sang commença à couler lentement, gouttes d’émotion, larmes de Vie. Il se repositionna devant Richelieu, lui tendit la lame et lui dit…

J’ai désormais un Frère d’Ame.Et notre serment d’Amitié éternelle se fera simplement main contre main, sang contre sang !