Arrivée de quelqu'un, au chateau d'Apt

Nombre de messages : 8 Date d'inscription : 11/10/2010

Le froid, glacial, toujours assombrissant les ouailles, ma foi qu'il fait bon d'imaginer le printemps. En songe ou seulement en pensée, la verdure, le renouveau. M'en fin pour l'heure, fais froid. Pour cette raison donc que je ne m'attarde a admirer le paysage si tristement beau soit-il. La neige recouvre déjà les arbres délaissés de leurs feuilles. L'herbe jadis verdoyante, n'est plus qu'un manteau blanc. Il neige sur Apt, comme il neige sur nos cœurs. Vite! Fais froid.

Que voila maintenant! une lueur! Je file et se dresse alors une guérite. Un petit abri a peine plus grand qu'un homme, mais suffisamment large pour en contenir trois. La porte est fermée par ce temps hivernal, mais m'avançant pour la frapper, je sens de l'autre coté la chaleur d'un feu. J'en frissonne.

TOC TOC!

Un bruit de pas rapide, un cliquetis lourd.
Puis un bruit de poignée qu'on tourne, et m'écartant rapidement d'un pas, la porte s'ouvre sur un large garde en armure.

Bonsera Messire, qui puis-je pour vous?

- Bonsera a vous, je suis Tyler, Tyler Hawkins, s'il vous faut mon nom, un simple marseillais de passage, cherchant le réconfort d'un feu! Annoncez-moi a Gabcha s'il est ici je vous prie.

- Il sera fait Messire, puis-je vous demander seulement si vous êtes armé?
Dévoilant de sous ma cape.

Je n'ai qu'une hache pour ma défense.

- Je vous prierais de bien vouloir me la céder du temps que vous serez en ces lieux Messire.

- Allons bon..
Je défais mon ceinturon, fait coulisser ma hache et la lui tend par le manche.

Merci Messire. Vous pouvez passer. J'envoie de ce pas porter un message au Sire Gabcha, qu'il vienne vous trouver.
Longez l'abri et remontez vers le nord-ouest. Vous trouverez le château.
La bonne nuitée Sire.

Souriant je remercie le brave.

Merci bien. La bonne nuitée a vous!

Je fais ce qu'il me dit, contourne l'abri, et file au nord-ouest, si tant est que je le trouve. Priant en mon fort qu'il prenne soin de mon arme, je m'élance.

J'arrive plus tard devant le chateau. Les lumières qui s'en dégagent m'éblouissent presque, tant la nuit se fait noire a ses cotés.
On m'appelle, je regarde devant moi, et voit arriver mon ami, Gabcha.

Nombre de messages : 438 Date d'inscription : 24/01/2010

Je me promène dans les couloirs du Château, à la recherche de Monseigneur. Comme d’habitude, me direz-vous, cher Ami Lecteur ? Et bien oui…Richelieu, c’est ma madeleine de Proust, une sorte de souvenir donc je n’arrive pas à me détacher. Et pourquoi m’en écarter, d’ailleurs ? Pour quel amour ? Pour du vide, pour du néant, pour des courtoisies d’un soir ? je suis un fidèle, comme mon Frère Rethy. Comme tous les membres de ma Famille…Comme les marquisaux, généralement.

J’erre de porcelaines en bustes antiques, de parchemins sacrés en statues d’Aristote…J’ai un peu froid. Il me manque des bras pour me soutenir, des épaules pour dormir, des yeux qui me veillent, des rires. Des chants. Des danses. Mais depuis quelques jours, des décorations de Noël viennent satisfaire mon esprit. Je ne suis plus glacé désormais. J’aspire au tiède.

Quelqu’un arrive dans mon domaine. Je n’ai prévu aucune visite. J’ai même honte, car je suis habillé trop simplement. Une robe en lin beige. Des chausses de campagne, marron. Et une ceinture en velours ocre. Et dire que certains me croient en représentation constante…Ils risquent d’être étonnés. La grande folle est minimaliste, le soir. Elle s’est démaquillée.

J’ouvre la porte, je m’avance. Et je le reconnais à son allure, à son pas. C’est un homme qui ne respire pas comme les autres, lui.

Lui ? C’est Tyler. Un Marseillais que j’ai rencontré en taverne. Il se différencie de nos contemporains, car il prend le temps de me connaître, de me poser des questions. Il m’a d’abord cru politicien, puis homme…

Homme, Seigneur , ils sont parfois fous, ces Provençaux…

Homme de pouvoir…Ou intriguant. Enfin, il est passé magistralement à côté de moi. Mais il s’acharne…Et j’en suis heureux. J’aime qu’on m’ausculte. Etre la proie des médicastres de l’inconscient, c’est fuir l’indifférence .

Je m’approche de lui. Je lui donne une accolade. Et je lui murmure, car j’apprécie tant jouer ma Véro, parfois…

Le chemin fut long, la route étroite…Mais quel plaisir de savoir que tu as bravé tout le blanc du firmament …Pour Apter. Enfin.

Apter. Apter. Apter. Verbe que je conjugue à tous les modes et tous les temps. Depuis…Un An. Crénom, Ami Lecteur ! Je vais fêter l’anniversaire de ma narration avec un écrivain de talent !

Nombre de messages : 8 Date d'inscription : 11/10/2010

Le voila l'ami, qui dans un sourire convivial, et par la toute simplicité d'un accolade, m'accueille en sa demeure, au plus profond de son âme. Car s'il en des plus véridiques, la maison d'un Sire est a n'en pas douter une preuve de sa grandeur d'âme. Loin des niaiseries d'une tenue ou non, de par l'amour que l'on y nourrit, l'on sait ce que l'on vaux. Et le voila donc, la facette scintillante, l'ami qui un soir passa, laissant dans son sillage une trainée d'innocence. Comment ne pas être conquis, et a la fois rendu si perplexe. Je le vis, l'entendis, et ma foi bien peu le compris.

Marseille la tragique, Marseille la magnifique, Oedipe lui-même n'aurait su donner un ton plus âpre a sa vie, alors que ma douce Marseille me semblait si inconvenante. Je n'avais en Marseille que soupcon et méfiance, devant ces damoiseaux pavoisant aux corneilles, baillant et se rouspillant d'une place au soleil. La méfiance m'emplissait alors que Gabcha passa. Déconcerté pour le moins, je ne sus comment réagir.

M'en fin maintenant je suis là, la suite est donc moins triste.

Comme promis cher ami, me voila. De par les vents et les marées, j'ai bravé le Ciel enragé. Je me présente si humble sois-je en tes lieux, quemandant un feu et une liqueur. Me laisseras-tu par ce froid de malheur trainé ma besace en dehors?

Il sourit et c'en est décidé. M'entrainant a sa suite, je remarque qu'il n'est que trop peu habillé. Et qu'il fait bien trop froid, je le presse.

Nous ne devrions point trainé, tu risqueras d'y rester.

Il referme derrière moi, et le bruissement aigu de la nuit s'estompe. Le silence nait alors que je decouvre pour la première fois le Chateau d'Apt. Venu en octobre, j'avais filé droit vers la chapelle, ou un marige avait eu lieu. Je songe au mien a venir et a bien des choses en somme, que je fais taire si tôt.

Je m'empresse de lui annoncer.

Gabcha, tu dois te demander tout de même la raison de ma venue. J'ai beaucoup a te dire, et autant a te demander.
Mais je te suis pour l'heure, j'imagine que nous n'allons rester dans l'entrée pour causer.

Un sourire.

Nombre de messages : 438 Date d'inscription : 24/01/2010

Nous pénétrons dans la demeure, avec cette précipitation qui appartient aux frileux. C’est joli, les flocons. Le gel, tout autant. Mais la momification hivernale, on la laisse aux loups et aux vampires. Et à toutes celles et ceux qui ont de la neige dans le sang.

Je souris à Tyler, et nous nous avançons dans le couloir central. Au loin, on entend les gardes se chamailler en jouant aux cartes. Des bruits plus suspects proviennent, étouffés par la distance, des chambrées des domestiques : Guihèn le vaillant militaire farcit Odette, la dinde qui nous sert de cuisinière. Ou l’inverse. C’est le mystère Aptien par excellence : qui est quoi et en qui, et ce pour quelles raisons ?

Nous gravissons les marches du grand escalier, passons devant les appartements de Monseigneur. Ce dernier travaille encore : la lueur des cierges à l’intérieur de la pièce témoigne de sa présence. Et dire qu’il y a cinq sabliers, je le cherchais. Je décide de le laisser tranquille un temps : l’étude des Champignons, c’est sa passion. Et j’ai appris à respecter…Et même à admirer cela.

La porte de mon Salon s’ouvre comme par Magie. Je remercie Mère Line Vase, laissant l’ami s'introduire en premier dans mon Moi. Je rougis un peu. Je n’ai pas l’habitude d’être visité. Et j’ai toujours peur de ne pas m’y retrouver dans le protocole.

C’est idiot. Tyler, il ne doit pas être mâle à étiquette. Mais je suis ainsi. Peur, peur, peur, peur, peur. De mal faire, d’être idiot. De paraître moins que. Plus que. D’être moyen. Pas moi. Trop moi aussi !

Je dispose deux fauteuils autour du feu de bois. J’apporte du Pessac 1452, une année exceptionnelle. Deux verres. Un troisième au cas où. Et, dans un clin d’œil, je dis…

Demande. Parle. C’est exceptionnel d’entendre des mots qui ont de l’âme.

(suite: appartements de Gabcha)

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